vinces de Ning-Po et Amoy étant d’un rang inférieur, n’avaient pas qualité pour prendre une décision à l’égard des lettres destinées à la cour impériale, et que c’était à cette cause qu’il fallait attribuer le refus fait dans ces deux endroits de recevoir la lettre envoyée par le gouvernement de sa majesté britannique ; mais que lui, Ké-shen, étant d’un rang supérieur, pouvait prendre sur lui de l’expédier et s’en chargerait en conséquence. La distance à laquelle on se trouvait de la côte, le peu de vent qui soufflait, et d’autres considérations importantes déterminèrent l’amiral à renvoyer le messager sur le steamer ; il s’ensuivit quelque retard dans l’expédition de la lettre, qui ne put être transmise à Péking que le 15. À dater de cette époque, un délai de dix jours fut accordé par les plénipotentiaires, selon ce qui avait été stipulé par Ké-shen, pour les délibérations de la cour impériale et pour la transmission de l’ultimatum. Le mandarin qui avait été envoyé à bord du Wellesley parut aux anglais être un homme remarquablement intelligent et dans des dispositions bienveillantes. Lord Jocelyn le désigne sous le nom familier de capitaine Blanc, d’après son bouton, et peut-être aussi d’après la signification de son nom, Pi. C’était une espèce d’aide-de-camp de Ké-shen et un officier de cavalerie ; ses idées, sa manière de juger et de décrire les choses amusèrent beaucoup les officiers anglais. Selon lui, les employés civils ne demandaient pas mieux que de voir les affaires arrangées à l’amiable, tandis que tous les militaires étaient pour la guerre, où ils espéraient mériter des distinctions, des honneurs, des boutons, etc. En arrivant à bord, il lui fut impossible de maîtriser entièrement l’émotion de surprise que lui causa la vue de cet ensemble imposant que présentent le pont et la mâture d’un 74 ; mais, quand on lui montra les batteries hautes et basses avec leurs longues lignes de canons de 32 et l’appareil de guerre dont ils étaient entourés, il trouva moyen de se contenir et ne manifesta ni surprise ni admiration. On s’est assuré depuis que cet officier était musulman. Après cet arrangement avec Ké-shen, la flotte se dispersa. Quelques vaisseaux allèrent croiser sur la côte de Tartarie, d’autres aux îles du sud et à l’est du mouillage, pour faire provision d’eau et de vivres, tous avec l’ordre de se retrouver au mouillage vers le 26, époque à laquelle on attendait la réponse de sa majesté chinoise. Deux ou trois des vaisseaux passèrent en vue de la grande muraille et à peu près à la même distance que l’Alceste en 1810. La Blonde alla croiser devant les côtes de Tartarie, où elle put se procurer des provisions en abondance, et où elle fit aussi, à un endroit nommé Too-tchou (situé lat. 39° 20′ 18″ et long. 121° 48′ est), la curieuse découverte de l’existence d’un commerce de charbon de terre. On trouva à l’ancre trois navires chargés de ce minéral, dont on se procura quelques échantillons, mais trop peu considérables pour qu’on pût juger de la qualité. On crut pouvoir conclure cependant de l’examen des petits échantillons apportés à bord que c’était une espèce d’anthracite[1].
- ↑ Un ancien employé civil de la compagnie en Chine, M. Clarke, se trouvait à bord de la Blonde pendant cette croisière, et par son entremise on put obtenir quelques renseignemens sur le gisement de cette houille, les frais d’extraction, etc.