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se tournant vers ses serdars : « Voilà donc, leur dit-il, les gens auxquels vous me conseillez de faire la guerre, lorsque quelques milliers d’entre vous n’ont pu battre une seule compagnie ? » Depuis cette époque, Randjît-Singh avait adopté pour règle invariable de sa conduite à l’égard de notre gouvernement de céder toutes les fois qu’il nous voyait déterminés sur quelque question que ce fût. Nos derniers exploits dans le voisinage ont confirmé ses successeurs dans l’adoption de cette ligne politique.

Question 1452. — L’influence anglaise dans le Pandjâb reposerait sur la conviction où était le chef des sikhs (Randjît-Singh) de la supériorité de notre pouvoir et des avantages qui résulteraient pour lui d’une intime alliance avec nous ?

Réponse. — Oui, et connaissant les vices de l’organisation intérieure de son pays, il avait le sentiment de sa propre faiblesse. Ces vices d’organisation étaient tels que, si nous nous fussions déclarés ses ennemis par proclamation, sa domination se fût écroulée à l’instant. Il n’y avait aucun respect héréditaire pour sa famille ; un grand nombre de chefs puissans qu’il avait humiliés ou dépossédés se seraient levés contre lui au moindre signe d’encouragement de notre part. Les Mahométans étaient ses ennemis invétérés, et tous regardaient d’un œil d’envie la prospérité et la paix dont jouissaient sous notre protection les états sikhs entre le Sutledge et la Djamna.


Un corps d’armée considérable escortant un convoi a traversé dernièrement le Pandjâb pour se rendre dans le Kaboul. D’autres troupes sont toujours concentrées à Firosepour, prêtes à se porter sur Lahore. On continuait à regarder les hostilités entre les Napalois et la compagnie comme imminentes. Il nous semble peu probable que les Napalois se hasardent à envahir le territoire anglais, surtout en présence des derniers évènemens dont les mers de Chine ont été le théâtre, et dont le contre-coup s’est fait sentir à Katmaudon. En tout cas, il est évident que le gouvernement suprême est en mesure. Des troupes sont rassemblées au pied des montagnes ; le Napâl serait occupé au besoin en quelques semaines.

Nous dirons quelques mots des relations actuelles du gouvernement suprême avec les princes qui sont dans une dépendance plus ou moins absolue de ce gouvernement, et dont les états sont compris dans les limites générales de l’empire. Les principaux parmi eux sont le roi d’Aoudh ou de Laknow, et le Nizam, dont la capitale est Hyderabad (qu’il ne faut pas confondre avec un autre Hyderabad capitale du Sindh) ; ces princes sont mahométans ; Scindiah et le radjah de Berar, dont les capitales sont respectivement Gualior et Nagpour ; ces chefs sont hindous, d’extraction mahratte ; enfin les princes Radjpoutes, Hindous de haute caste, chez lesquels cette illustration sé-