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l’Inde, ont très bien compris que tout l’odieux de ce despotisme retomberait sur le gouvernement anglais, que d’ailleurs les dépenses inévitables qu’entraîne une pareille situation augmentent considérablement les charges de l’état, obligé de maintenir une force armée qui puisse suffire à toutes les éventualités. Chacun de ces mannequins couronnés entretient un corps de troupes commandé par des officiers anglais, et il a en outre à sa solde un ramassis de troupes irrégulières qui, en temps de paix, ne sont redoutables qu’aux paisibles sujets de leur maître, mais qui, en cas de guerre sur la frontière, ou d’insurrection, ou de mutinerie, surtout si les troupes anglaises éprouvaient quelque échec partiel, peuvent devenir et deviendraient infailliblement la cause de désordres et de maux infinis. Tels sont les dangers de cette position anormale où les hésitations d’une politique long-temps entravée par les étroites exigences du monopole ont placé le gouvernement suprême des Indes anglaises. Le gouvernement n’a aujourd’hui que le choix entre deux maux. Il faut que, dans son respect pour les traités, il consolide l’oppression, ou qu’il attende au moins en silence que les effets du despotisme, devenus désormais intolérables, nécessitent son intervention ; sinon il faut qu’il manque à la foi jurée, et qu’il ait le courage de montrer plus de respect pour les droits imprescriptibles de l’humanité que pour des traités dont l’ambition et l’intérêt matériel pouvaient seuls non pas justifier, mais expliquer l’origine. Ce serait là sa gloire, et, nous n’hésitons pas à le dire, ce serait également une des plus précieuses garanties du bonheur et de la prospérité de ces vastes et populeuses contrées. L’examen des ressources commerciales de l’empire hindo-britannique, commencé par la chambre des communes à l’occasion de la pétition présentée au parlement par la compagnie dans l’intérêt de l’Inde agricole et industrielle (pétition sur laquelle nous reviendrons bientôt), a mis cette vérité dans tout son jour.

L’opinion formelle des fonctionnaires qui ont été consultés par la chambre des communes, sur les moyens politiques à employer pour donner au commerce de l’Inde l’extension dont il est susceptible, est que l’Inde entière en deçà de l’Indus devrait, le plus tôt possible, être considérée et traitée, sous le rapport de la législation commerciale, comme un seul empire, ce qu’elle est en effet. L’Inde anglaise comprend aussi bien, en réalité, les états natifs indépendans (native states), que les divers territoires placés sous l’autorité immédiate du gouvernement anglais. Ces états sont unis et comme incorporés à