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L’AFRIQUE SOUS LA DOMINATION FRANÇAISE.

parts, et que c’était pour cela que les légions abandonnaient peu à peu l’Afrique ; que le moment était venu de changer en fuite cette retraite. » Dolabella, quoiqu’il eût peu de troupes, marcha hardiment contre lui, et, s’aidant des troupes de Ptolémée, roi de Mauritanie, il partagea, comme Blesus, son armée en plusieurs corps, et enfin grace à la rapidité de ses marches, il parvint à surprendre son ennemi. Le combat fut sanglant, mais les Romains furent vainqueurs et surtout Tacfarinas y périt. Sa mort mit fin à la guerre.

La révolte de Tacfarinas était une révolte tout africaine, et ce n’était point de cette manière que Rome devait perdre l’Afrique, puisqu’il semble être dans la destinée de ce pays de ne jamais s’appartenir. Les révoltés que Rome devait craindre en Afrique, c’étaient ses propres généraux. Les usurpateurs étaient plus dangereux pour elle que les libérateurs. Boniface fut l’usurpateur qui (en 427) ôta l’Afrique aux Romains. Mais ce que nous devons remarquer en finissant et ce qui revient au sujet de nos recherches, c’est que la révolte de Boniface ne profita ni à lui ni aux Maures, ni à lui qui étant à la tête d’une de ces armées romaines composées de Romains et de Numides, pouvait fonder en Afrique une sorte de puissance mixte (et déjà sous Valentinien Firmus avait fait cette tentative), ni aux Maures, qui ne purent pas non plus, à cette occasion, fonder une puissance africaine. Alors, comme toujours, ce fut une puissance étrangère, les Vandales, qui vinrent s’installer en Afrique. Il n’y a que celles-là en effet qui peuvent s’y établir et y durer, mais à la condition de toujours combattre.


Saint-Marc Girardin.


(La seconde partie à un prochain no .)