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Le vrai parti grec, le parti nombreux, celui qui s’appelle à juste titre le parti national, est celui qui veut avant tout une administration forte et régulière, le gouvernement des hommes du pays, mais des hommes honnêtes, éclairés, cherchant dans les institutions municipales de la Grèce le principe d’une organisation qui, sans affaiblir en rien la force du pouvoir, puisse l’éclairer et lui montrer la route à suivre.

C’est là le parti au sein duquel il importe à la couronne de se placer. C’est là qu’elle trouvera un terme à ses incertitudes, et cette énergie dans les résolutions qui seule peut inspirer aux puissances européennes une ferme confiance dans l’avenir de la Grèce.

Pour en revenir à l’emprunt, il ne suffira pas à notre envoyé de s’assurer que réellement, grace aux efforts persévérans de l’administration actuelle, l’ordre et l’équilibre ont été rétablis dans les finances du royaume. C’est de l’avenir qu’il faut surtout s’inquiéter ; c’est de l’état moral, de la situation politique du pays ; la Grèce, avec un gouvernement purement nominal, est toujours au bord d’un abîme. Il faut aux Grecs une royauté intelligente et forte ; elle ne peut le devenir que par son intime alliance avec le parti national.

On assure que des instances pressantes ont été faites à notre gouvernement de la part de Montevideo, pour qu’une médiation pacifique, mais puissante, mette cet état à l’abri des attaques de Rosas, et contribue à rétablir la bonne harmonie entre les républiques de la Plata. Notre gouvernement ne pouvait pas fermer l’oreille à ces représentations ; si rien ne nous oblige à nous mêler activement, à main armée, des interminables querelles des républiques américaines, il n’est pas moins vrai que ces désordres paralysent les relations commerciales de l’Europe avec le Nouveau-Monde, et enlèvent à notre industrie un débouché qui, après quelques années de paix, prendrait un très vif essor. M. Guizot a, dit-on, proposé à l’Angleterre de charger les agens anglais et français à Buénos-Ayres de suivre d’accord ces négociations, qui sont également dans l’intérêt des deux pays ; ils ne devraient pas chercher à intervenir dans les arrangemens intérieurs, dans l’organisation politique de ces pays ; ils ne devraient pas se mêler aux querelles et aux luttes des partis : leurs efforts n’auraient qu’un but, la pacification, la cessation de toute hostilité, la garantie d’un avenir paisible et régulier. Lord Palmerston paraît avoir adhéré aux vues et aux propositions de la France.

La régence s’efforce de donner à l’Espagne ce dont elle a besoin avant tout, une administration capable et régulière. La tâche est difficile. Placé entre les unitaires qui l’ont porté au pouvoir et les trinitaires qui, mécontens de leur défaite, constituent une opposition nombreuse et formidable, Espartero n’avait à choisir qu’entre deux voies : un ministère purement unitaire qui aurait dissous les cortès et tâché de renforcer ses rangs dans le parlement par les nouvelles élections, et un ministère de fusion, de conciliation, qui aurait cherché à gouverner avec les cortès actuelles. Après plusieurs tentatives dans l’un et l’autre système, M. Gonzalès est parvenu à former le ministère de transaction.

Malheureusement ces transactions ne sont le plus souvent possibles qu’en