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DE
L’ARIANISME.

ATHANASE-LE-GRAND
ET L’ÉGLISE DE SON TEMPS EN LUTTE AVEC L’ARIANISME.[1]

L’étude des hérésies est un des spectacles les plus instructifs que puisse présenter à l’esprit l’histoire morale de l’humanité. On y voit les efforts de la pensée humaine, ses résistances, ses révoltes ; on la suit dans ses détours les plus ingénieux, dans ses écarts les plus singuliers. Si l’on n’a pas exploré les opinions des hérésiarques dont les doctrines et le nom sont venus jusqu’à nous, on ne connaît pas toutes les ressources de la sophistique et de l’imagination humaine.

Une religion ne saurait prévaloir qu’en établissant son triomphe sur la ruine de quelques grandes opinions qui régnaient sur les hommes avant sa venue. Elle les opprime, elle les absorbe, et pendant un moment ces opinions sont non-seulement vaincues, mais semblent anéanties. Illusion : elles survivent d’une façon latente, mais indestructible. Rien de ce qui a des racines profondes dans la nature humaine ne périt, ne disparaît sans retour, et la moitié de l’histoire

  1. Traduit de l’allemand par Jean Cohen, 3 vol. in-8o ; Paris, chez Debécourt, rue des Saints-Pères, 69.