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mouvement. On doit vivement désirer que ces essais soient enfin publiés ; car, indépendamment de la vénération bien naturelle qui nous porte à recueillir les moindres productions des hommes de génie, rien ne serait plus intéressant comme étude philosophique, que de connaître les premiers pas de Galilée dans ce monde inconnu où il a fait tant d’admirables découvertes. Ses méthodes méritent toute notre attention, et chez les inventeurs elles se révèlent principalement dans les premières tentatives.

À cette époque, les professeurs étaient encore, comme au moyen-âge, engagés pour un temps déterminé. L’engagement de Galilée ne durait que trois ans, et, bien que son traitement fût très modique, les besoins de sa famille lui faisaient vivement désirer de voir renouveler cet engagement. Cependant il n’hésita pas à risquer son avenir par amour pour la science et pour la vérité ; Jean de Médicis, cet enfant naturel de Côme Ier, qui se croyait un grand architecte et un très habile ingénieur, avait inventé une machine à draguer dont Galilée, chargé de l’examiner, fit connaître les défauts. Une telle franchise blessa l’auteur, qui se plaignit au grand-duc ; et comme tous les péripatéticiens de la Toscane appuyaient ces réclamations, Galilée se vit au moment d’être renvoyé. Il céda donc à l’orage, et se retira à Florence. Le marquis Del Monte vint encore une fois à son secours, et l’aida à obtenir à Padoue la chaire de mathématiques, devenue vacante par la mort de Moleti, professeur dont le nom mérite d’être conservé pour ses tentatives de réforme en mécanique. Le grand-duc, qui fut consulté, laissa partir sans regret un homme dont il ne comprenait pas le mérite. Galilée se rendit à Venise dans l’été de 1592, et il se plaisait à raconter dans sa vieillesse que la malle qu’il emporta en partant de Florence ne pesait pas cent livres : elle renfermait tout son avoir.

Après s’être arrêté peu de temps à Venise, Galilée se rendit à Padoue, pour ouvrir son cours. Tous les écrivains contemporains s’accordent à proclamer le succès de ses leçons. Dans une science difficile et à la portée d’un petit nombre d’esprits, il s’attacha un nombre d’auditeurs qui parut extraordinaire, même à l’université de Padoue, alors si célèbre et si fréquentée.

Pendant les premières années de son engagement, Galilée composa le Traité des fortifications, la Gnomonique, un Abrégé de la sphère et un Traité de mécanique ; mais bien qu’il donnât copie de ces ouvrages à tous ceux qui le désiraient, et qu’il ne cessât d’en exposer la substance dans ses leçons, il n’en fit imprimer aucun. Le