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l’Europe, et sur la surface duquel vivent disséminées ces tribus de race noire que l’on retrouve dans l’île de Van Diémen, dans la Nouvelle-Guinée et dans toutes les terres qui s’étendent à l’orient, telles que la Nouvelle-Irlande, la Nouvelle-Bretagne, les îles Salomon, les Nouvelles-Hébrides jusqu’aux îles Fidji, vers le 180e degré de longitude orientale. En avançant plus à l’est, l’on rencontre, au milieu des flots de l’océan Pacifique, les nombreux archipels de la Polynésie, troisième partie du monde maritime, peuplée par une race d’hommes qui a porté ses migrations depuis la Nouvelle-Zélande au sud jusqu’aux îles Sandwich ou Havaü au nord, et qui occupe de l’ouest à l’est, entre ces deux points reculés, l’archipel des îles Tonga, les îles fertiles et riantes d’O-Taïti, l’archipel que découvrit l’Epagnol Mendana, celui des îles Po-moutou et l’île de Pâques. Dans l’hémisphère boréal, jusqu’au 40e parallèle environ, s’étend, entre Le 126e degré de longitude orientale et le 167e de longitude occidentale, une chaîne de petites îles dont l’ensemble forme, sous le nom de Micronésie, la quatrième division de l’Océanie. Ces îles, dont les principales sont celles de King’s Mill, les Mariannes, les Carolines, les îles Pelew, etc., renferment une population très variée, dont le langage, les coutumes et les formes de gouvernement diffèrent d’un archipel à l’autre.

Cette classification de M. Dumont d’Urville est fondée sur les rapports des peuples qui habitent le monde maritime, sur leur caractère et la coloration de leur peau plutôt que sur les divisions physiques qui séparent chacun des groupes qui le composent ; elle est par conséquent plutôt ethnographique que géographique. Je l’adopterai dans ce travail, parce qu’elle s’accorde assez bien avec les indications qui résultent de l’étude comparée des idiomes océaniens. Ces indications démontrent aussi que les bornes du monde maritime doivent être reculées dans un espace plus large que celui dans lequel on le circonscrit ordinairement, qu’elles doivent s’étendre jusqu’à la péninsule de Malaca, peuplée par des Malays, aller à l’ouest jusqu’à Madagascar, et au nord remonter jusqu’à Formose, parce que les langues en usage dans ces deux îles, dont la première est attribuée à l’Afrique et la seconde à l’Asie, attestent l’origine océanienne des populations qui les habitent. Le terme de monde océanique me servira à désigner la partie du globe au milieu de laquelle le lecteur vient d’être introduit, agrandie dans les limites que je viens de tracer.

Les voyages de circumnavigation, qui depuis un siècle ont tant ajouté à nos connaissances géographiques, nous ont appris qu’il existe dans tout le monde océanique un système de langues liées entre elles