Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 27.djvu/605

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
601
LES GAULOIS EN ASIE.

d’Eski-Cheher (Dorylée), de Sevri-Hissar, d’Angora, de Tchouroum, Castamouni et Youzgatt, au-delà du fleuve Halys (Kizil-Irmak). Toute la partie septentrionale est montagneuse, renferme des mines, des volcans éteints et des carrières de marbre. C’est d’une province appartenant à l’ancienne Galatie que se tire cette substance minérale (magnésite) connue sous le nom d’écume de mer, et qui est exportée dans tout le nord de l’Europe pour faire des fourneaux de pipes. Ces carrières sont données en régie à des fermiers du gouvernement ; les mines sont situées à une assez grande profondeur (de 15 à 20 mètres) au-dessous du sol, le filon d’écume de mer se trouve entre deux bancs d’argile grise et très dure. En s’approchant du fleuve Sangarius, la roche argileuse change de nature et passe à l’état d’argile smectique (ou terre à foulon), qui est employée, dans tout l’intérieur de l’Asie, en guise de savon pour laver le linge et pour l’usage des bains. C’est cette terre épurée et choisie que l’on marquait d’un sceau et qui était portée aux échelles du Levant ; de là on la transportait en Europe sous le nom de terre cimolée, et on l’administrait dans l’ancienne médecine, comme sédatif et absorbant.

Le grand lac Salé, que les anciens appelaient Tatta Palus, produit naturellement du sel blanc très pur ; les eaux de ce marais sont tellement chargées de sel, que les plantes et les menues branches qui se trouvent sur ses bords, sont en peu de temps couvertes d’une croûte épaisse. Ce lac n’a pas de profondeur, c’est plutôt un vaste marais salant ; une chaussée le traverse. Dans le sud de la province, on trouve de vastes steppes habitées seulement par des nomades. L’orient de la Galatie offre un pays admirable comme nature et comme végétation ; on chercherait en vain, dans le reste de la contrée, des sites comparables aux bords de l’Halys, tantôt sauvages et sombres, tantôt fertiles et gracieux. Les forêts de chênes y sont nombreuses et étendues, le grain donne de magnifiques produits.

Les Turcs, en s’emparant de la Galatie, se trouvèrent en contact avec un peuple dont l’origine et la civilisation étaient tout européennes ; Gaulois, Grecs et Romains ne formaient plus qu’une seule famille. Autant la politique des conquérans occidentaux avait été favorable aux véritables intérêts des peuples, autant la politique des Turcs fut fausse et désastreuse. Ces hordes nomades et sans idée de gouvernement, qui n’avaient apporté en Asie mineure que leur sabre et leur tente, qui empruntaient, à mesure qu’elles avançaient, aux Arabes leur religion, aux Perses leurs satrapies, aux Grecs leurs bains, aux