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DES PUBLICATIONS HISTORIQUES EN ITALIE.

Naples, où depuis quelque temps l’on s’occupe particulièrement de la langue italienne, on veut revenir à l’étude de l’histoire moderne. Un seul écrivain a osé aborder l’histoire générale de l’Italie. C’est M. Troya, auteur d’un essai fort applaudi sur quelques allégories de la Divine Comédie. Ses travaux sur Dante ont amené M. Troya à s’enfoncer peu à peu dans l’étude du moyen-âge, et, après bien des années de recherches, il a annoncé une grande histoire d’Italie, dont nous connaissons les trois premiers volumes, qui, avec le quatrième, ne doivent former que l’introduction, c’est-à-dire l’histoire des Barbares. C’est un ouvrage très vaste et d’une immense érudition. De crainte d’omettre quelque chose, l’auteur a encadré dans cette première partie l’histoire universelle. Les Amazones, les runes et les sagas des Scandinaves, Orphée, Hercule, tous les héros, tous les peuples de l’Asie et de l’Europe, sont passés en revue dans cette introduction. M. Troya, qui a discuté un nombre prodigieux de faits et d’opinions, se montre en général peu disposé à accueillir certaines idées qui à présent sont adoptées assez généralement. Il repousse l’influence qu’on appelle communément indo-germanique, et il ne veut guère entendre parler des origines sanscrites. Il serait difficile de se prononcer sur ce point, car M. Troya, qui a réuni une si grande masse de faits et qui souvent contredit des opinions généralement adoptées, n’a pas fait une seule citation dans son ouvrage. C’est là, à notre avis, un défaut très grave ; car, quelle que soit l’autorité d’un écrivain, il n’est plus possible aujourd’hui, dans un ouvrage sérieux, d’avancer des milliers de faits dont plusieurs pourraient fournir matière à contestation, sans indiquer avec soin les sources que l’on a consultées. M. Troya annonce, il est vrai, que les autorités se trouveront dans le quatrième volume ; mais comme les trois premiers ne contiennent aucun renvoi et que d’ailleurs le quatrième doit renfermer beaucoup d’autres matières, nous craignons que les citations qu’on y rencontrera ne soient trop peu nombreuses et peu utiles au lecteur. C’est là, nous le répétons, un défaut grave dans un ouvrage si solide. Nous espérons que, dans la seconde partie de son histoire, l’auteur reprendra la méthode ordinaire et fera marcher ensemble les assertions avec les preuves. Ce procédé commode pour le lecteur est aussi fort utile pour l’auteur, qui évite ainsi de se tromper en citant de mémoire et qui est forcé de vérifier à chaque instant les passages auxquels il fait allusion.

Dans ce rapide exposé des travaux historiques qui se publient en Italie, nous n’avons pas cherché à introduire un ordre factice là où il