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Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 29.djvu/254

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REVUE DES DEUX MONDES.

GODEAU.

Colletet, mon ami, vous ne faites pas mal.

COLLETET.

Moi, je prétends traiter tout le monde d’égal,
En matière d’écrits : le bien est autre chose ;
De richesse et de rang la Fortune dispose.
Que pourriez-vous encor reprendre dans mes vers ?

GODEAU.

Colletet, vos discours sont obscurs et couverts.

COLLETET.

Il est certain que j’ai le style magnifique.

GODEAU.

Colletet parle mieux qu’un homme de boutique.

COLLETET.

Ah ! le respect m’échappe. Et mieux que vous aussi.

GODEAU.

Parlez bas, Colletet, quand vous parlez ainsi.

COLLETET.

C’est vous, monsieur Godeau, qui me faites outrage.

GODEAU.

Voulez-vous me contraindre à louer votre ouvrage ?

COLLETET.

J’ai bien loué le vôtre.

GODEAU.

J’ai bien loué le vôtre. Il le méritait bien.

COLLETET.

Je le trouve fort plat, pour ne vous céler rien.

GODEAU.

Si vous en parlez mal, vous êtes en colère.

COLLETET.

Si j’en ai dit du bien, c’était pour vous complaire.

GODEAU.

Colletet, je vous trouve un gentil violon.

COLLETET.

Nous sommes tous égaux, étant fils d’Apollon.

GODEAU.

Vous, enfant d’Apollon ! Vous n’êtes qu’une bête.

COLLETET.

Et vous, monsieur Godeau, vous me rompez la tête.