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Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 29.djvu/308

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REVUE DES DEUX MONDES.


Tout gonflé d’espérance,
Je ramasse les épis de ma reconnaissance,
Et te porte ma gerbe.

Espoumpat, tout gonflé, comme une éponge qui a pompé toute l’eau qu’elle peut contenir ; les épis de ma reconnaissance, autre métaphore empruntée à la vie des champs.

La scène de Françounetto se passe à l’époque des guerres de religion dans le midi. C’était le temps, dit le poète en commençant, où le sanguinaire Blazy tombait à bras raccourci sur les protestans, les taillait en pièces, escartaillâbo, et, au nom d’un Dieu de paix, couvrait la terre de sang et de pleurs. Il y avait cependant un moment de trêve ; on n’entendait plus sur les coteaux le bruit des fusils et des couleuvrines ; après avoir tué du monde à en remplir des puits jusqu’au bord, à n’arraza de pouts, le bourreau lassé s’était enfermé dans son château de guerre, et, derrière ses triples ponts et ses triples fossés, il communiait tout couvert de sang. De leur côté, les jeunes bergers et les jeunes bergères, pastourelets et pastoureletos, au milieu d’un pays dévasté, presque désert, avaient repris leurs fêtes, leurs chansons et leurs amours. Et là se place une description animée de la fête locale du village de Roquefort.

Rès de pu poulit saquela
Que de beyre aquels piffrayres
Estifla ;
E dansayros et dansayres
Biroula !
Regaytas sourti de la desco
Tourtilloun è curbelet !
Té ! té ! la limounado fresco !
Coumo la pinton à galet !


Rien de plus joli tout de même
Que de voir tous ces joueurs de musette
Souffler,
Et danseurs et danseuses
Tourner ;
Regardez sortir de la corbeille
Tortillon et biscuit !
Tiens ! tiens ! la limonade fraîche,
Comme ils la boivent à la régalade !

Je ne réponds pas que la peinture soit parfaitement exacte quant au temps ; je ne jurerais pas, par exemple, que la limonade fraîche ait