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Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 29.djvu/36

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de Calcutta ou de Bombay nous apprendra que les jeunes begums, filles du colonel Gardiner, ont épousé en légitime mariage le fils d’un prêtre écossais ou d’un rajah musulman, d’un visir persan ou d’un directeur de la compagnie des Indes.

Ainsi vont s’affaiblissant et se nuançant les vieilles mœurs orientales. Les cérémonies publiques autrefois les plus suivies par les Hindous, et qui excitaient le plus d’intérêt, commencent, dit l’Oriental Herald, à être dédaignées. Beaucoup de brahmanes, naguère attachés aux temples, ont pris du service chez les Européens. Ce peuple fataliste, voyant les villes sacrées rester décidément au pouvoir des infidèles, perd toute confiance dans l’avenir de ses idoles. Le christianisme n’y gagne guère ; mais le brahmanisme et le boudhisme s’éteignent. Les Anglais se déforment, et les Hindous cessent de pratiquer leurs rites. Ils essaient même d’emprunter à l’Europe quelques-unes de ses mœurs, souvent, il est vrai, comme les Otahitiens, nos habits et nos chapeaux, pour en faire un usage aussi incomplet que baroque. On sert en général, chez les princes de l’Hindoustan qui veulent traiter leurs hôtes à l’européenne, le thé et le café parfaitement froids. Miss Roberts raconte qu’un Anglais qui se trouvait placé à table à côté d’elle chez le roi d’Aoûde, avait eu soin d’apporter un réchaud à esprit de vin et un vase. Son khitmoudgar avait caché la théière sous le fauteuil destiné à l’Anglais, et ce convive, plus barbare que le roi barbare, non-seulement faisait bouillir son eau et infuser son thé sur la table même du roi, mais distribuait à ses voisins l’eau qui devait réchauffer leur breuvage. Le nawaub nominal du Bengale, qui vient de mourir, croyait se conformer à la politesse de l’Europe en saluant toutes les dames qu’il rencontrait dans les chemins, connues ou inconnues de lui. Déjà l’appartement des femmes n’est plus fermé aux artistes. Sommerset-House possédait, il y a deux ans, le portrait de la femme favorite ou sultane du roi d’Aoûde, œuvre de M. George Beechy, peintre ordinaire de ce monarque, et qui a succédé à M. Home dans ces attributions assez nouvelles pour une cour asiatique. Le même roi d’Aoûde, un de ces petits princes qui ont soustrait leur principauté à la domination immédiate des Anglais, mais qui n’en obéissent pas moins, se plaît à recevoir des femmes anglaises à sa cour. Il les invite à déjeûner, et, lorsqu’il est question de procéder à la cérémonie du haârh, ou de la guirlande, que le roi fait tomber sur le col des convives, c’est un grand embarras pour ce monarque : les chapeaux et les voiles s’opposent à ce qu’il s’acquitte de son œuvre