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Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 29.djvu/399

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LE MONDE GRÉCO-SLAVE.

rivaux. Or, loin d’être également paternel pour tous, le pouvoir des Osmanlis s’attacha à rester un gouvernement de famille, un trône oriental. La dualité primitive qui menaçait cet empire à la fois asiatique et européen, chrétien et musulman, alla donc se formulant toujours avec plus d’énergie, jusqu’à ce qu’enfin les deux principes et les peuples des deux parties du monde se jetèrent le gant et engagèrent une lutte acharnée. Venise appela la première aux armes les chrétiens subjugués, et par ses conquêtes de l’Archipel et de l’Albanie entama cette monstrueuse monarchie. Ensuite vint l’Autriche, puis la France, puis la Russie ; car il ne fallait rien moins que l’effort de toutes les grandes nations pour chasser Osman de sa tente.

Maintenant il s’agit de remettre l’ordre dans cette demeure ruinée par les coups vengeurs de tant d’ennemis. Les deux groupes de peuples, musulmans et chrétiens, se trouvent toujours en présence, aussi peu fondus ensemble qu’ils l’étaient à l’époque d’Osman, et décidés, les uns comme les autres, à ne plus accepter qu’à titre fédéral l’union avec les Osmanlis. On sait avec quelle ardeur les Arabes de Méhémet-Ali, aussi bien que ceux de la Mecque et du désert, appellent cette union fédérative. Les Syriens ne sont pas plus disposés à subir le joug de la Porte que les Arabes ; le sultan a encore moins d’autorité sur les tribus terribles qui couvrent les montagnes du Kourdistan et de la Turcomanie. De toutes les provinces asiatiques, la seule Arménie, pacifique et marchande, semble n’avoir aucun projet d’émancipation ; mais elle ne sourirait pas moins à une liberté qui lui serait donnée sans exiger de sacrifices d’argent. L’absolutisme de la Porte est donc tout aussi miné du côté de l’Asie que du côté de l’Europe. Ce que veulent les Gréco-Slaves est précisément ce que demandent les mahométans eux-mêmes, et la communauté des désirs établit ainsi un lien sympathique entre les Slaves d’Europe et les autres peuples de l’empire d’Orient.

III.

En général, les produits du sol sont à peu près les mêmes dans toutes les provinces gréco-slaves. Le bétail est la principale richesse des habitans ; il y a même des tribus de pasteurs exclusivement occupées, été comme hiver, du soin des troupeaux. Les deux peuples les plus adonnés à la vie pastorale sont les Serbes et les Moldo-Valaques. Dans leurs vastes forêts de chênes, les Serbes entretiennent