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LE MONDE GRÉCO-SLAVE.

blanc de Smederevo) est excellent. Au dire des Serbes qui les cultivent, les vignobles de Smederevo descendent, par une reproduction non interrompue, des ceps que planta l’empereur Probus sur le Mont-d’Or de ce pays. Tous ces vins se conservent, ou dans de petits tonneaux très longs qui se portent à dos de cheval, ou dans des outres goudronnées. Un staréchine (chef de village) ne se met jamais en route sans prendre avec lui une de ces outres. Les vignobles sont partout sans échalas et rampans comme en France ; les vignes sauvages, à gros raisins, grimpent seules en festons d’arbre en arbre. Chaque vignoble a sa vigla (vedette), abritée par quelque vieux orme ou par un rocher, et d’où la sentinelle armée veille à ce que ni hommes ni bestiaux ne viennent faire du dégât ; il en est de même pour les champs de maïs. Après la vendange comme après la récolte du maïs, le propriétaire donne à ses voisins un grand banquet.

Bien que les richesses minérales de la presqu’île soient extraordinaires, elles restent inexploitées. La plupart des rivières bulgares, serbes et surtout valaques roulent des paillettes d’or, que des troupes de tsiganes (bohémiens) sont continuellement occupées à ramasser. Le fer, le plomb, l’argent et l’or se trouvent en assez grande quantité dans les montagnes slaves et grecques. Quelques fourneaux de forge sont établis à Karatovo en Macédoine, à Samokov en Bulgarie, où l’on fond des boulets de canon et où l’on fabrique des fusils. La Bosnie et la Croatie, plus abondantes en minerai, sont aussi mieux exploitées ; il y a des forges à Starimaïdan, Kamengrad, Klisoura, Egripalanka, etc. Quant à la Serbie, un minéralogiste saxon, M. Heder de Freyberg en a parcouru les montagnes en 1835, et y a trouvé la siénite, le porphyre, la serpentine partout, et sur quatre points différens des dépôts de charbon de terre qui seront un jour utiles pour la navigation à la vapeur. Près du monastère de Stoudenitsa, on a découvert une qualité de marbre blanc qui a paru comparable à celui de Paros, quoiqu’il ne me semble point l’emporter sur d’autres marbres de la Bulgarie. On a établi sur le Pek, à Saidchar et ailleurs, des ateliers de lavage pour séparer l’or du sable. Les deux principales mines serbes sont à Maïdan-Pek, sous le Stol, et à Roudnik, où l’on trouve de l’argent, du plomb et du fer. Sous le rapport métallurgique, les montagnes slaves l’emportent de beaucoup sur celles des pays grecs ; peut-être ces dernières furent-elles épuisées dès l’antiquité. On cite pourtant au mont Ida, en Troade, une riche mine de plomb et d’argent. Les eaux minérales abondent, depuis celles des Thermopyles, en Livadie, jusqu’aux fameux bains d’Hercule, sous