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Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 29.djvu/43

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ÉTUDES SUR L’ALLEMAGNE.

ticulières de district à district, et même de ville à ville, qui gênaient beaucoup le commerce et ne lui avaient jamais laissé prendre un grand essor. Au contraire, les nouvelles provinces, qui, pour la plupart, avaient fait partie de l’empire français ou du royaume de Westphalie, étaient habituées à un régime tout différent ; l’industrie s’y était notablement développée ; mais cette industrie se trouvait menacée dans son existence même par la perte de son ancien marché, dont la nouvelle organisation de l’Allemagne ne lui permettait pas de trouver l’équivalent sur le territoire fédéral. Dans ces circonstances, le gouvernement prussien, voulant établir pour toutes ses possessions un régime uniforme, adopta le système qui assurait la liberté du commerce intérieur et qui ne faisait qu’un seul marché de toute la monarchie. Tel fut le but des règlemens préparatoires de 1816 et de 1817, et enfin de la loi générale promulguée le 16 mai 1818. Toutes les entraves qui gênaient les relations commerciales entre les diverses parties du pays furent supprimées, et il n’y eut plus qu’une seule ligne de douanes établie sur la frontière. La nouvelle loi ne contenait pas de ces défenses d’importations ou d’exportations si communes autrefois ; les produits naturels ou fabriqués de toute espèce purent entrer et sortir en payant un droit assez modéré pour ne pas équivaloir à une prohibition. Ce droit fut, moyennement, d’un demi-thaler (1 fr. 90 cent.) par quintal prussien. Cependant quelques marchandises furent imposées au-dessus du taux normal, afin de favoriser l’industrie indigène. Le tarif, au lieu d’être, comme dans beaucoup de pays, un long registre de technologie et d’histoire naturelle, fut établi en général d’après le poids et la mesure, non d’après la nature et la qualité des objets, ce qui rendait la surveillance plus aisée, dispensait d’une foule de formalités vexatoires, et facilitait beaucoup tous les rapports. Le tarif devait être revu tous les trois ans, afin qu’on pût remédier aux erreurs et aux mécomptes inévitables dans une expérience faite sur une aussi grande échelle.

La nouvelle législation avait pour but de protéger la production indigène contre la concurrence étrangère, sans toutefois encourager la paresse et la routine. Les résultats ne tardèrent pas à justifier les espérances qu’on avait conçues et à calmer les craintes manifestées par certaines industries qui, forcées de tirer de l’étranger leurs matières premières, ne croyaient pas pouvoir se soutenir sans un régime de prohibition absolue. Ainsi la fabrication des étoffes de coton augmenta de soixante pour cent en six années, et celle des soieries doubla presque dans le même intervalle. Quant aux manufactures de