souverains, notamment le duc d’Anhalt-Bernbourg, soumettre au même régime la portion non enclavée de leurs états, en sorte que la partie de l’Allemagne la plus morcelée et la plus divisée quant aux circonscriptions politiques ne forma bientôt plus qu’une masse compacte, entourée d’une seule ligne de douanes et parfaitement unie sous le rapport des intérêts matériels.
Pendant que la Prusse, refaisant ainsi sa législation financière, voyait ses tentatives couronnées par des succès inespérés, les autres pays de la confédération germanique continuaient à souffrir de leur isolement, de la multiplicité de leurs lignes de douanes et de la petitesse de leurs marchés. La production y restait languissante et ne pouvait lutter contre la concurrence de l’étranger. On sentit la nécessité de prendre des mesures en commun pour arriver à une meilleure situation, et on essaya plusieurs fois de s’entendre à cet effet ; mais il y avait trop de rivalités d’intérêts entre les états de l’Allemagne méridionale pour qu’il fût facile de les amener à un accord, et d’un autre côté on ne pouvait pas encore espérer une grande union allemande à laquelle le nord et le midi prissent également part : surtout on ne croyait pas possible d’y faire entrer la Prusse. Aussi les négociations qui eurent lieu à Darmstadt en 1820 et à Stuttgard en 1825, ne conduisirent-elles à aucun résultat. Dans ces conjonctures, le grand-duché de Hesse-Darmstadt pensa qu’il y aurait peu de profit pour lui à traiter avec ses voisins méridionaux, purement agricoles et vinicoles comme lui, tandis qu’un arrangement avec la Prusse pourrait procurer à ses produits un marché plus étendu où ils rencontreraient bien moins de concurrence. Le gouvernement de ce pays fit faire des ouvertures à Berlin, mais les négociateurs des deux états, ne pouvant tomber d’accord sur les bases d’un simple traité de commerce, furent conduits par la discussion même à des idées plus hardies, et en vinrent à reconnaître qu’une union de douanes serait plus avantageuse sous tous les rapports. On s’entendit promptement des deux côtés, et on signa le 14 février 1828 un traité dont nous mentionnerons les principales dispositions, parce qu’il servit de modèle à ceux qui plus tard consacrèrent l’union commerciale d’un si grand nombre d’états allemands. La législation prussienne relative aux droits d’importation, d’exportation et de transit, fut déclarée en vigueur dans le grand-duché de Hesse. Tous les produits de l’un de ces deux états eurent libre entrée dans l’autre[1],
- ↑ On conserva seulement un droit d’entrée sur les objets soumis à l’impôt de consommation, à cause de la différence de la législation sur ce point dans les deux pays.