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mens qui pourraient être construits dans l’avenir subiraient les embarras de cette mauvaise disposition.

On doit tendre surtout à placer les grandes lignes dans une situation telle que, pour les rejoindre, il ne reste à parcourir que de faibles distances, et c’est dans cette pensée qu’a été conçu le projet de 1838.

La grande artère du projet de la Phalange semble imaginée dans un but contraire, puisque tous les embranchemens deviennent longs et sont entre eux d’une communication fort difficile ; en outre, cette artère délaisse les contrées les plus riches, pour traverser un pays pauvre en population et coupé de montagnes, où la dépense de construction sera certainement considérable, et où, pour l’avenir, les frais de traction demeureront élevés.

Enfin les cinq lignes principales, indiquées par un double trait bleu, et dont la Phalange demande en premier lieu l’exécution, ont ensemble un développement de 449 lieues ; et, lorsque l’on aurait exécuté toutes les lignes proposées, dont le développement général est de 781 lieues, il faudrait encore emprunter les canaux et les rivières, — entre Paris, Dijon et Besançon ; — entre Dijon, Lyon et Marseille ; — entre Bordeaux et Toulouse (si l’on ne veut repasser par Périgueux) ; — entre Nantes, Tours et Blois.

Dans notre projet, il suffit d’exécuter les trois premiers chemins, sur une longueur ensemble de 430 lieues, pour établir un système de communication directe par rail-ways, — entre la Belgique, — Paris, — le Hâvre et la Manche, — Orléans, — Bordeaux, la Teste et l’Océan (ce qui conduira bientôt en Espagne par Bayonne), — Dijon, — Lyon, — Marseille et la Méditerranée, — Besançon, — Bâle, — et Strasbourg.

Si l’on y comprend les voies aujourd’hui navigables, et surtout si l’on préfère construire, dans un bref délai, les deux autres lignes principales, d’un développement ensemble de 160 lieues, il faut ajouter à la liste précédente Nantes et les provinces du midi.

Alors les voyages deviendraient faciles sur tous les points ; et si, comme on le doit espérer, les lignes secondaires, qui n’ont qu’une longueur totale de 256 lieues, venaient à être prochainement exécutées, l’ensemble du réseau étendu sur la France serait tel que toutes les contrées communiqueraient entre elles à peu près par la voie la plus courte. La Rochelle, Limoges, Tarbes, Perpignan, Grenoble, Clermont, Metz, Mézières et Sedan, seraient bientôt rattachés, au moyen d’embranchemens très courts, à Paris et à toutes les parties de la France ; les lignes de Normandie et du Maine, dont le centre est au Mans, s’étendraient rapidement, et viendraient mettre ces riches provinces en contact immédiat avec Paris, Lyon, Nantes et Bordeaux ; enfin, le chemin de fer de Rennes pourrait facilement être prolongé jusqu’à Brest.

Le projet que nous appuyons, sans exiger la construction d’une beaucoup plus grande longueur de chemins, relie donc entre elles les diverses parties de la France d’une manière infiniment plus complète que celui de la Phalange. Il suffit d’appliquer le transparent sur la carte pour voir cette grande différence des deux systèmes, et pour reconnaître encore que, parmi les con-