que date la mauvaise réputation de Naples, réputation qui a été encore méritée long-temps après, car il faut des siècles pour détruire le mal que des siècles ont fait.
La régénération du pays commença à l’avènement de l’infant don Carlos, depuis Charles III. Ce prince tenait de près à la maison royale de France, puisqu’il était fils de Philippe V et arrière-petit-fils de Louis XIV. Ce fut avec l’épée que son père tenait de son illustre aïeul qu’il entreprit de rendre d’abord l’indépendance, ce premier des biens, au royaume de Naples. Il y réussit, et fut couronné, en 1735, roi des Deux-Siciles. Quand il n’aurait apporté aux Napolitains que l’affranchissement de leur patrie, après deux cents ans de servitude, il aurait des droits éternels à leur reconnaissance ; mais ce n’est pas là que se bornèrent ses bienfaits. C’était alors le temps où les idées de la philosophie française commençaient à se répandre dans le monde ; sur plusieurs points de l’Europe et surtout en Italie, les princes se mettaient à la tête des réformes provoquées par ces idées ; à Milan, le comte Firmiani, pour l’empereur ; à Parme, un Bourbon assisté d’un Français, M. Dutillot ; à Florence, l’archiduc Léopold, essayaient de réparer par une bonne administration les suites funestes des régimes antérieurs, et transportaient les principes de la philosophie moderne dans le gouvernement des états.
Le nouveau roi de Naples ne fut pas des derniers à suivre cette impulsion salutaire. Secondé par un ministre intelligent, le marquis Tannucci, il entreprit l’application du remède avec une vigueur proportionnée à l’étendue du mal. Cette tâche fut poursuivie par le même ministre sous la minorité du fils de Charles III, et durant plus d’un demi-siècle, de 1735 à 1789, la lutte fut constante entre les abus de l’ancien régime, défendus par les habitudes, et l’esprit d’innovation, représenté par l’autorité royale. On vit peu à peu les tribunaux réformés ; le nombre des couvens diminué, les plus mauvais impôts abolis, les droits féodaux restreints ; de nouvelles routes furent ouvertes ; de grands édifices publics furent construits, des encouragemens furent donnés à l’agriculture, au commerce, à la navigation. Tout l’antique édifice ne disparut pas à la fois mais il reçut de violentes secousses ; à l’appel d’un gouvernement plus éclairé, le peuple napolitain se réveilla, et finit par croire un peu plus à lui-même. La population s’accrut rapidement ; en 1789, elle passait déjà quatre millions et demi d’habitans. Plus tard, le royaume de Naples a eu beaucoup à souffrir de ses rois, qui ont voulu comprimer le mouvement après l’avoir provoqué ; mais il ne devra jamais oublier que la