Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 29.djvu/609

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
599
LE ROYAUME DE NAPLES.

ce maître, et à la Farnésine, délicieux casin plus célèbre encore par les belles fresques exécutées sous la direction de Raphaël, et dont il peignit lui-même une partie. On sait que toutes les propriétés de l’ancienne maison Farnèse sont dévolues par héritage à la maison de Naples. Tout ce qui composait la belle galerie Farnèse, à Rome, a été transporté au musée des Studj, et les palais que possédait cette illustre famille dans la capitale de la chrétienté sont occupés par l’ambassade et par l’académie de Naples. Les artistes napolitains qui viennent à Rome chercher des modèles, ont ainsi sous les yeux, dans leur propre habitation, d’admirables sujets d’étude. La direction de cette école est confiée au chevalier Camuccini, qui passe pour le plus grand peintre vivant de l’Italie, et rien n’est épargné pour que les pensionnaires aient tous les moyens d’instruction possibles. Des expositions publiques pour les beaux-arts ont lieu à Naples tous les deux ans et alternent avec des expositions des produits de l’industrie.

Le roi consacre, en outre, tous les ans, une portion de son revenu à des commandes de tableaux et de statues. Le palais de la résidence royale, bâti au commencement du XVIIe siècle, sur les dessins de l’architecte Fontana, ayant été en partie détruit par un incendie, il y a quelques années, Ferdinand II a profité de cette occasion pour le faire reconstruire et décorer à neuf presque tout entier. Il a fait faire aussi de nombreuses réparations au palais de Capo di Monte, qui avait été abandonné depuis long-temps, malgré le charme de sa position sur une colline qui domine Naples et la mer. Ce qui peut donner l’idée la plus complète de l’état des beaux-arts à Naples, c’est l’église de Saint-François-de-Paule. Cette église bâtie, pour l’extérieur, sur le modèle de Saint-Pierre de Rome, et pour l’intérieur, sur le modèle du Panthéon, a été commencée par le vieux roi Ferdinand, en exécution d’un vœu qu’il avait fait dans l’exil, quand Murat occupait le trône. Le roi actuel l’a fait orner de tableaux et de statues, non-seulement par les principaux artistes de Naples, mais par les peintres et les sculpteurs les plus estimés de toute l’Italie. Malheureusement, cette décoration, qui a coûté des sommes considérables, est d’un effet médiocre ; mais la faute n’en est pas au prince qui l’a commandée. Dans aucune autre partie de l’Italie, on n’obtient aujourd’hui de meilleurs résultats, et la fameuse chapelle des Médicis, à Florence, qui coûte bien autrement cher encore, n’est guère d’un effet plus satisfaisant que l’église de Saint-François-de-Paule.

Ce qui a toujours manqué à l’école de Naples, ce qui lui manque encore, c’est l’originalité. Elle a produit, il est vrai, Ribera et Sal-