qu’il peut produire, et si la marine napolitaine doit faire désormais de nouveaux progrès, ce ne sera que par l’augmentation de ses relations avec les nations étrangères qu’elle pourra les obtenir. Quelque brillante que soit sa situation actuelle, elle est encore loin d’être ce qu’elle devrait être. Il se fait dans le seul port de Marseille un mouvement actuel de quinze cent mille tonneaux, dont un million sous pavillon français. S’il n’est pas à espérer que le port de Naples arrive jamais à une pareille prospérité, il peut du moins ambitionner d’atteindre d’autres ports de la Méditerranée, celui de Trieste, par exemple, ou celui de Livourne. La navigation napolitaine est, avec la navigation grecque, la plus économique du monde. Les forêts des Calabres et des Abruzzes fournissent en abondance des bois de construction de bonne qualité ; la configuration du pays est favorable à la formation d’une immense population de marins, et le matelot napolitain est le plus sobre, le moins exigeant de tous.
Ce sont là les conditions d’une grande prospérité maritime. Aussi le pavillon napolitain commence-t-il à paraître avec avantage sur les mers. Mais il sera désormais gêné et contenu dans son progrès, si l’importation et l’exportation, qui peuvent seules l’étendre à l’avenir, restent stationnaires. Pour le moment, il profite de son bon marché pour s’interposer entre les autres peuples. Cette ressource est restreinte, précaire et disputée ; elle ne suffit pas. Chaque nation cherche naturellement à défendre son pavillon contre la concurrence. Le gouvernement français vient de décider, par exemple, que tous les transports qui avaient lieu entre la France et l’Algérie par des bâtimens de diverses nations se feraient désormais uniquement sous pavillon français. Voilà un débouché de moins pour la marine napolitaine. Rien ne peut remplacer les échanges. Ce qui fait la fortune de Gènes, de Livourne, de Trieste, c’est que ce sont des ports francs où les marchandises de toutes les nations viennent aboutir. Pour naviguer, il faut avoir des transports, et pour avoir des transports, il faut faire le commerce pour son propre compte. Les droits exorbitans dont le gouvernement napolitain a frappé les produits étrangers dans l’intérêt de certaines industries, sont des obstacles invincibles à l’extension de la marine marchande. Ce n’est pas leur seul inconvénient. Jusqu’ici leur effet ne s’est pas fait sentir sur la prospérité intérieure, dont le développement tenait à des causes plus puissantes, mais le moment viendra où ils réagiront fortement sur elle.
Depuis l’établissement de ces tarifs, les importations du royaume de Naples ont diminué, et par suite ses exportations, car le contre-coup