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Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 29.djvu/70

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exiger relativement à l’éducation des enfans ; mais, si cette promesse ne pouvait être obtenue et que la partie catholique persistât à vouloir le mariage, il était permis au prêtre d’y prêter une assistance passive, c’est-à-dire d’entendre les promesses des époux et d’en dresser acte. Toutefois il ne pouvait y adjoindre aucune prière ni aucune cérémonie religieuse qui pût indiquer une approbation quelconque. Le bref traçait, comme on le voit, une ligne de démarcation bien positive entre les mariages mixtes faits aux conditions voulues par l’église et ceux où ses prescriptions étaient méprisées. Il accordait aux premiers la bénédiction nuptiale, les autres ne pouvaient réclamer que l’assistance passive du pasteur, à laquelle était liée l’idée d’une improbation formelle. Or, cette différence était ce que le gouvernement prussien voulait effacer dans l’intérêt de ses projets de propagande, et, n’ayant pu l’obtenir du pape, il essaya d’amener les évêques à la faire disparaître dans la pratique. Le siége métropolitain de Cologne était alors occupé par M. de Spiegel, qui plus d’une fois avait fait preuve d’une grande faiblesse de caractère ; on le manda à Berlin, où on l’entoura de toute espèce de séductions, et, à la suite d’une négociation conduite par M. de Bunsen, ce prélat et ses trois suffragans[1] adhérèrent à une convention en vertu de laquelle la bénédiction nuptiale devait être donnée à tous les mariages mixtes sans distinction. Cette convention, signée le 17 juin 1834, fut tenue secrète à cause de la contradiction trop patente qu’elle présentait avec le bref du pape, mais il fut stipulé qu’elle servirait de base aux instructions données par les évêques au clergé de leurs diocèses respectifs. Le gouvernement, assuré de la complicité de l’épiscopat, se crut en mesure de poursuivre ses plans avec succès et de faire croire que le saint-siége lui-même donnait une sorte de consentement tacite à l’inexécution de certaines clauses du bref de 1830.

Sur ces entrefaites, l’archevêque de Cologne vint à mourir, et on se trouva fort embarrassé pour le choix de son successeur, parce qu’il fallait trouver un homme dont la réputation et le caractère inspirassent de la confiance aux catholiques, et qui pourtant fût assez accommodant pour ne pas retirer les concessions faites par M. de Spiegel. On crut rencontrer ces conditions dans la personne de M. de Droste Vischering, frère de l’évêque de Munster, lequel était un des signataires de la convention de Berlin. Un négociateur officieux fut chargé de le sonder, et en obtint facilement la promesse d’adhérer, en cas

  1. Les évêques de Munster, de Paderborn et de Trèves.