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plus de facilité et d’élévation, et acquiert quelquefois le don des langues.

10o  Dès qu’il est réveillé, il perd absolument tout souvenir de ce qu’il a senti, vu, entendu ou pensé, pendant son sommeil ; mais, lorsqu’il est remis en somnambulisme, il a le souvenir très distinct de ce qui s’est passé dans ses sommeils antérieurs.

En récapitulant ces phénomènes, on trouve l’insensibilité extérieure, l’audition sans le secours des oreilles, la vision sans le secours des yeux, et, à toute distance, la communication des pensées, l’instinct médical, la prévision et l’oubli au réveil. Tenons-nous-en là.

L’existence de tous ces phénomènes, suivant les magnétiseurs, est une vérité de fait donnée par l’expérience. Ils déclarent en conséquence que la seule question à élever à leur égard, c’est celle de savoir s’ils sont démontrables et vérifiables par l’expérience, et que, s’ils sont trouvés tels, ils doivent être acceptés purement et simplement à titre de fait, quelle que soit la difficulté ou même l’impossibilité de les expliquer dans l’état actuel de nos connaissances.

Nous partageons tout-à-fait sur ce point la façon de voir des magnétiseurs.

Il s’en faut cependant que cette manière de poser la question soit généralement acceptée. Les magnétiseurs exceptés, qui y tiennent naturellement beaucoup, il est très peu d’esprits, surtout parmi les hommes de science, qui puissent s’y faire. Ce n’est pas qu’ils se refusent à admettre comme certains des faits décidément inexplicables, ou, ce qui revient au même, inexpliqués, l’existence des aérolithes par exemple. Ils prétendent qu’ils rejettent les phénomènes somnambuliques non point parce qu’ils sont inexplicables, mais parce qu’ils sont impossibles. Il est évident en effet que, si ces faits sont impossibles, ils ne peuvent pas avoir lieu tels qu’on les raconte, et dès-lors toute tentative de vérification est nécessairement illusoire et du temps perdu. Cette fin de non-recevoir a l’avantage non-seulement de détruire d’un seul coup tout l’édifice magnétique existant, mais encore de supprimer toute recherche ultérieure. Mais qu’est-ce que l’impossible, et en quel sens un fait quelconque peut-il être à priori déclaré tel ? C’est ce qu’on n’explique pas clairement. Dans ce grand fait de l’univers, il n’y a d’impossible que ce qui n’est pas. La réalité y est la seule mesure de la possibilité. Tout ce qui est réel est possible, et tout ce qui est possible existe. La réalité pour l’homme n’étant pas cependant la réalité existante, mais seulement la réalité connue, il fait un paralogisme lorsqu’il conclut de celle-ci à