philosophie de leurs adversaires. Aussi ils aiment en général à s’y tenir aussi long-temps qu’ils peuvent. Après avoir établi d’une manière générale la possibilité métaphysique des faits magnétiques, ils cherchent à établir leur probabilité expérimentale à l’aide de toutes les analogies que la physiologie, la pathologie, les sciences physiques et naturelles, la psychologie, l’histoire sacrée et profane, peuvent leur fournir. Cette marche est régulière et légitime. S’il se trouvait en effet que ces phénomènes, réputés si monstrueusement extraordinaires, se rattachent par des liens plus ou moins étroits à d’autres phénomènes dont la réalité n’est pas contestée ; si on pouvait les retirer de leur isolement et les mettre pour ainsi dire en bonne compagnie, on aurait moins de répugnance à faire connaissance avec eux. Tout l’extraordinaire d’une chose tenant d’ailleurs à peu près uniquement à sa rareté (car sans cela il faudrait passer sa vie à s’étonner), la faire voir partout, c’est lui ôter son merveilleux. Cela ne la rend pas au fond plus explicable, mais seulement plus croyable, et c’est tout ce qu’on veut ici.
Les analogies alléguées par les magnétiseurs en faveur de l’action physique à distance exercée par la magnétisation ne manquent pas. Les décharges foudroyantes de la torpille, du gymnote, de l’anguille de Surinam, et autres poissons électriques qui, de loin, tuent ou engourdissent leurs ennemis ; la fascination de l’oiseau par le regard du serpent, et de la perdrix par celui du chien, sont les exemples qu’ils choisissent d’ordinaire. L’existence et les principales propriétés de leur fluide trouvent aussi des appuis plausibles dans les exemples des autres agens impondérables admis en physique. Quant à l’efficacité médicatrice des manœuvres magnétiques, l’histoire tout entière se lève pour leur venir en aide. Ils citent des centaines de guérisons de maladies opérées par l’imposition des mains, l’insufflation, ou de simples paroles prononcées avec l’intention efficace de faire du bien. Pyrrhus guérissait les malades, selon Plutarque, en les touchant du bout de son pied ; Vespasien (vid. Suétone) guérit un aveugle et un paralytique en crachant sur l’œil de l’un et en touchant le second de son pied. Les cures miraculeuses de l’ancien et du nouveau Testament ont été faites aussi par le geste, la voix et l’attouchement. Les rois de France guérissaient par privilége spécial les écrouelles, en faisant le signe de la croix sur le front des malades et disant : Le roi t’a touché, Dieu te guérisse ! Le gentilhomme irlandais Valentin Gretrakes, au XVIIe siècle opéra publiquement à Londres, à Oxford, des centaines de cures de toutes sortes de maux, par l’application de