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LA MONARCHIE AUTRICHIENNE.

en Allemagne, on cite au premier rang celle qui unira Leipzig, ou Magdebourg, ou un autre point de l’artère saxonne, à Cologne sur le Rhin, et par suite à la Belgique, et puis à Paris, quand nous aurons pris le parti de nous occuper de ces merveilleuses voies de communication autrement que pour en caqueter avec un esprit infini et une profondeur de vues sans pareille.

Dresde et Leipzig étaient, il y a vingt ans, des villes fortifiées. Elles ont converti leurs fortifications en promenades. À la place des fossés de Leipzig, il y a aujourd’hui un jardin ravissant ; au lieu de mares peuplées de grenouilles, c’est pour la ville une ceinture de fleurs.

Prague, le 10 octobre 1840.
PRAGUE ET LA BOHÊME. — DES IDÉES MONARCHIQUES.

Prague est l’une des villes les plus pittoresques du monde. Elle occupe le fond et l’un des flancs de la belle vallée où se dessinent, entre de jolis côteaux séparés par une plaine riante, les courbes de la Moldau. Le quartier de la rive droite (Klein Seite) se développe en amphithéâtre, comme Alger, comme Constantinople, et cette disposition produit ici, comme partout, un effet enchanteur. Prague semble une ville de palais, car nulle part ailleurs on n’en trouverait un pareil nombre. Jadis construits par les plus riches familles, ils sont entretenus avec soin, quoique le plus souvent ils soient inhabités. On dirait aussi une forêt de dômes ou de clochers. Ces masses arrondies, qui dominent les autres édifices, et ces pointes élancées vers le ciel, donnent aux cités une grande élégance. On sait quel aspect magique résulte de loin, pour les villes mahométanes, de leurs minarets effilés qui se dressent au-dessus des habitations. Notre Lutèce serait plus belle à contempler, si une demi-douzaine de flèches hardies surgissaient çà et là du sein des maisons et des édifices massifs, pour aller chercher les nuages. Tout autour de Prague, des fortifications et des murailles, dont les créneaux se projettent sur l’horizon, y tracent une dentelure ondulée suivant les plis du terrain. Sur la rive droite, le sommet d’une longue colline que baigne la Moldau, est occupé par l’immense palais du Hradschin, véritable demeure royale, aussi vaste que les Tuileries, mais moins noircie par le temps. Autour de cette magnifique résidence impériale sont

    sur son territoire la double jonction entre les deux mêmes mers de Marseille à Calais et au Havre d’un côté par Paris, de Marseille à Rotterdam de l’autre.