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Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 29.djvu/793

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LA MONARCHIE AUTRICHIENNE.

« Plusieurs de nos journaux ont imprimé que sa majesté l’impératrice, dans sa réponse à la députation du corps législatif, avait dit qu’elle était bien aise de voir que le premier sentiment de l’empereur avait été pour le corps législatif, qui représente la nation.

« Sa majesté l’impératrice n’a point dit cela. Elle connaît trop bien nos constitutions. Elle sait bien que le premier représentant de la nation, c’est l’empereur, car tout pouvoir vient de Dieu et de la nation. »

Voici quelques-unes des paroles par lesquelles Napoléon motivait cette assertion :

« La convention, même l’assemblée législative, ont été représentans. Telles étaient nos constitutions alors. Aussi le président disputa-t-il le fauteuil au roi, se fondant sur le principe que le président de l’assemblée de la nation était avant les autorités de la nation. Nos malheurs sont venus en partie de cette exagération d’idées. Ce serait une prétention chimérique et même criminelle que de vouloir représenter la nation avant l’empereur. »

Et il concluait en ces termes, que maint pessimiste pourra qualifier de prophétiques :

« Tout rentrerait dans le désordre si d’autres idées constitutionnelles venaient pervertir les idées de nos constitutions monarchiques[1]. »

Au fait, étant donné le système monarchique, la formule de Napoléon, de Louis XIV et des bourgeois de Carlsbad est d’une exactitude mathématique.


Michel Chevalier.
  1. Je crois devoir reproduire ici un passage du célèbre écrit de Sieyes, Qu’est-ce que le tiers-état ? où le grand publiciste de 89 exprime à peu près la même pensée que Napoléon :

    « On dit en Angleterre que la chambre des communes représente la nation. Cela n’est pas exact. Peut-être l’ai-je déjà remarqué : en ce cas, je répète, que si les communes seules représentaient toute la volonté nationale, elles formeraient seules tout le corps législatif. La constitution ayant décidé qu’elles n’en étaient qu’une partie sur trois, il faut bien que le roi et les lords soient regardés comme des représentans de la nation. » (Qu’est-ce que le tiers-état ? chapitre V.)