sance de la destination du Bilbaino, envoya un agent à Macao pour réclamer des dommages-intérêts.
Le 11 septembre, le premier des nombreux blocus auxquels le port de Canton a été assujetti fut proclamé par le capitaine Smith, de la corvette la Volage. Ce blocus fut levé le 16 du même mois, en raison des négociations qui venaient, disait-on, de commencer entre le capitaine Elliot et les autorités chinoises.
Ce blocus, déclaré par le capitaine d’une corvette anglaise, sans aucun pouvoir de son gouvernement, était-il valide ? Je ne le crois pas. Le capitaine Smith, en déclarant, de son autorité privée, le blocus de la rivière de Canton, nous semble avoir assumé sur lui une responsabilité plus grande que celle encourue par M. Elliot pour la formation de sa cour de justice, car ici, des intérêts étrangers pouvaient se trouver compromis. Il aurait pu arriver que des navires de nations neutres, ne reconnaissant pas le droit du capitaine Smith, eussent voulu forcer le passage, ce qui eût placé le gouvernement anglais dans des circonstances fâcheuses, ou qu’ils eussent respecté le blocus en protestant contre sa validité et en élevant de fortes réclamations de dommages-intérêts. Un blocus, à mon avis, ne peut être déclaré que par un souverain ou par son agent revêtu de ses pleins pouvoirs à cet effet. Un système contraire aurait les plus graves inconvéniens.
Vers la même époque, et en raison du blocus dont je viens de parler, les négocians américains adressèrent une pétition à Lin, le suppliant de permettre que leurs navires, au lieu de s’arrêter dans les eaux extérieures, suivant l’usage, pour être visités, pussent aller directement jusqu’au Boca-Tigris. Le commissaire impérial leur accorda leur demande en manifestant son étonnement de l’audace d’Elliot, qui se permettait de fermer une des entrées de l’empire céleste.
Le 20 octobre, le capitaine Elliot annonça, par une circulaire, aux sujets anglais, qu’en vertu d’un arrangement entre le haut commissaire, le gouverneur de Canton et lui, le commerce serait ouvert en dehors du Boca-Tigris. L’ancrage des navires fut fixé entre les forts de Chuen-pee et d’Anong-hoy (deux des forts qui défendent le Boca-Tigris). Le Boca-Tigris est un point où la rivière de Canton se resserre ; ce passage est situé à vingt-cinq ou trente milles de Macao et soixante ou soixante-dix de Canton. Avant d’y arriver, la rivière de Canton forme un immense bras de mer parsemé d’îles, dont quelques-unes sont très considérables ; en dedans du Boca-Tigris, la rivière a de un à trois milles de largeur ; devant Canton, sa largeur est à peine d’un quart de mille. Ce lieu de station fut choisi par M. Elliot comme étant en dehors de l’action immédiate du commissaire impérial. Après toutes les manifestations du surintendant, après toutes ses injonctions aux sujets anglais, il eût été difficile de rétablir le commerce sur l’ancien pied. Ce fut le commencement de ce système de résistance et de concessions que vous remarquerez dans toutes les transactions qui ont eu lieu depuis deux ans, système imposé par les nécessités du commerce. Les navires devaient payer à Chuen-pee les