ils trouvèrent un billet qui y était attaché ; ils ouvrirent ce billet, et lurent ces mots : « Renoncez à votre folle entreprise, sans quoi vous aurez le même sort que les habitans de ce château. »
Lorsque les peintres archaïques allemands, et les disciples qu’ils ont recrutés, même de ce côté du Rhin, redescendent si témérairement vers le passé et les premières époques de la peinture, vers ces trésors de l’art enfouis sous plusieurs siècles, ils font comme ces pécheurs de l’Arend-See ; ils pourront peut-être ravir quelques richesses au vieux manoir englouti, ils ne pourraient pas le relever de ses ruines. La critique doit remplacer auprès de ces téméraires la main inconnue qui attache à la sonde l’avertissement prophétique. Au lieu de les inviter à plonger dans le passé, elle doit leur indiquer l’avenir. C’est de ce côté, vers un but nouveau, vers un mieux inconnu, que tous leurs efforts doivent tendre ; si, au lieu de les détourner d’une route funeste, elle les y poussait aveuglément, des voix solitaires et désintéressées s’élèveraient sans doute du milieu de la foule, et proclameraient tout le néant de leurs efforts ; elles leur répéteraient sans se lasser : Renoncez à votre entreprise, car tous vos efforts seront vains ; l’oubli vous dévorera comme il a dévoré vos devanciers.