Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 30.djvu/463

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
457
PUITS ARTÉSIENS.

proprement dits, on peut encore concevoir des couches sablonneuses, plus ou moins larges, comprises entre deux autres terrains imperméables. Il n’y aura de différence que dans la vitesse des eaux, qui sera beaucoup moindre, et peut-être aussi dans le degré de leur pureté.

En terminant ici cette longue énumération, je me demande s’il était réellement nécessaire d’en appeler à l’observation pour expliquer la possibilité, pour justifier la probabilité d’un fait aussi simple que le passage des eaux par des canaux souterrains ; peut-être même n’est-il pas un seul de mes lecteurs qui n’ait admis tout d’abord cette hypothèse si naturelle, rien qu’à l’entendre énoncer. En tout cas, il n’y aura que surabondance de preuves, et je pourrai, sans craindre de paraître obscur, partir de ce principe pour expliquer les fontaines artésiennes.

Après avoir exposé dans ces préliminaires les procédés dont on fait usage dans les puits artésiens, après avoir établi les principes hydrauliques qui doivent servir de guide dans les travaux de ce genre, il nous sera facile de juger la gigantesque opération qui se poursuit avec tant de lenteur à la porte de Paris.

Nous ne circonscrirons pas l’examen de cette question du puits artésien de Grenelle dans les limites étroites que lui assigne la foule. Nous ne nous bornerons pas à demander si les eaux de cette nouvelle source thermale reviendront bientôt à l’état de quasi-limpidité où nous les avons vues pendant quelques jours. Que pour le vulgaire la question du forage de Grenelle se réduise à ces termes : de l’eau claire ! de l’eau chaude ! rien de plus naturel. Le vulgaire ne peut voir, ne peut comprendre que les résultats matériels ; mais parmi les questions que soulève l’opération de Grenelle, il en est de plus sérieuses. D’importans problèmes scientifiques pourraient trouver leur solution dans cette vaste expérience, et c’est à l’examen de ces problèmes qu’il convient de donner toute notre attention.

Un pareil sujet présente, disons-le avant d’aller plus loin, de graves difficultés, surtout quand on veut l’étudier sans le secours des formes de raisonnement usitées par le monde savant, quand on veut substituer le langage familier à l’instrument si commode, si précis du calcul. Non-seulement la question du puits de Grenelle touche aux théories les plus élevées, les plus neuves, les plus épineuses de la physique du globe, aux problèmes les plus délicats de la géologie et de l’hydraulique souterraine, mais elle embrasse aussi une multitude de détails pratiques qui ont une grande importance, et sur lesquels les