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Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 30.djvu/474

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REVUE DES DEUX MONDES.

tre 1/2 ; la quantité de briques et de bois nécessaires au revêtement du puits sera ainsi réduite de moitié, et en même temps la quantité de terres à extraire ne sera plus que le quart de l’ancienne. La main-d’œuvre, il est vrai, ne diminuera pas dans la même proportion ; cependant, tout bien considéré, le coût total ne saurait dépasser une centaine de mille francs, en supposant même qu’on suivît les erremens actuels des mineurs, et en admettant qu’on n’introduisît pas dans le mode de creusement certaines modifications utiles qu’indique la raison et dont nous parlerons plus bas. La dépense relative à l’épuisement et à l’aérage ne serait environ que de 100,000 francs, attendu la nature du terrain à traverser.

Puisque nous venons de parler des puits ordinaires, nous devons aussi rappeler un genre particulier de revêtement plus coûteux, mais plus avantageux, qui arrête très bien les eaux et se pose rapidement. C’est le revêtement en larges manchons de fonte. En Angleterre, où ce système est assez répandu, on fait souvent ces manchons d’une seule pièce quand le puits ne va qu’à deux mètres de largeur. Pour de plus grandes dimensions, les anneaux sont formés de plusieurs pièces qu’unissent solidement de vigoureux écrous. On peut traverser ainsi des couches de sables mêlées d’une si forte proportion d’eau, qu’elles forment avec elles comme un tout liquide ; c’est à peine si quelques gouttes passeraient au travers de ce cuvelage en fonte.

On s’imagine, au premier abord, qu’en appliquant ce genre de tubage dans toute la hauteur d’un puits tel que celui de Grenelle, on atteindrait un chiffre de dépense déraisonnable. Si on voulait bien calculer la masse de fonte qu’absorberait le tubage d’un puits qui aurait 1 mètre et 1/2 de largeur, on trouverait le poids fort peu effrayant de 200 milliers, qui, au prix de 300 à 400 fr., coûteraient de 60 à 80,000 francs. Mais ce serait là une œuvre de luxe fort inutile dans le terrain de Paris, qui, formé presque entièrement de craie, ne contient que très peu d’eau, du moins quand on n’atteint pas la couche profonde des sables verts d’où jaillit la fontaine de Grenelle.

En comparant les puits à large ouverture au forage à petit diamètre, j’ai supposé que ces puits seraient creusés d’après l’ancien système, c’est-à-dire que des ouvriers placés au fond du puits entameraient, à l’aide d’outils, les terrains plus ou moins mous, plus ou moins mobiles, et attaqueraient les rochers à l’aide de la poudre ; en un mot, je me suis renfermé dans le domaine des faits connus de la pratique la plus vulgaire. Je vais maintenant franchir la limite qui sépare ce domaine de celui des projets nouveaux.