Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 30.djvu/536

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
530
REVUE DES DEUX MONDES.

les irrégularités que nous avons commises dans la journée ? D’un autre côté, comment le prêtre peut-il savoir si celui qu’il absout a véritablement la foi et la repentance ? La tyrannie de la confession n’a été introduite dans le sein de l’église que lorsque le monde était barbare ; elle est doublement fatale, car elle peut précipiter l’homme dans le désespoir ou le plonger dans une sécurité périlleuse. Jusqu’à présent du moins, Calvin ne sort pas des bornes de l’argmentation théologique. Mais que dire de sa fureur calomnieuse, quand il représente les prêtres catholiques se divertissant entre eux par les contes plaisans et libertins que leurs aventures leur permettent de se communiquer les uns aux autres[1] ? À quelles injustices peuvent entraîner les haines dont la religion est la source !

Il n’est pas vrai non plus, aux yeux de Calvin, que nos œuvres puissent compenser nos fautes et contribuer à satisfaire la justice de Dieu. Cette doctrine de la satisfaction est fausse. La seule cause de la rémission de nos péchés est la bonté de Dieu, puisque l’Écriture enseigne que cette rémission est gratuite. D’ailleurs, quand le fidèle pourra-t-il être assuré d’avoir accompli cette satisfaction ? C’est dans la gratuité de la grace qu’est la vérité de la doctrine aussi bien que l’entière sécurité du chrétien.

Des faux principes sur la satisfaction sont sorties les indulgences. Calvin, reprenant, pour ainsi dire en sous-œuvre, les thèses de Luther à Wittemberg, demande qui a enseigné au pape à renfermer dans du plomb et sur parchemin la grace de Jésus-Christ, que Dieu a voulu être dispensée par la parole de l’Évangile. Ainsi donc, ou l’Évangile nous trompe, ou les indulgences ne sont que mensonge. Le purgatoire n’est pas plus épargné par Calvin : pour parler son langage, il y porte la hache avec laquelle il a détruit les indulgences. Le purgatoire est une pernicieuse invention de Satan, qui anéantit la croix de Jésus-Christ, insulte la miséricorde de Dieu, dissipe et détruit notre foi. La doctrine de la satisfaction, le purgatoire et les indulgences sont contraires à l’essence même du christianisme.

Cette essence est tout entière dans la doctrine de la justification. Par la foi, le fidèle reçoit la justice de Jésus-Christ, et, revêtu de cette divine justice, il paraît en la présence de Dieu, non plus comme pécheur, mais comme juste. La justification est donc une acceptation

  1. « …Ipsi sacrificuli qui mutius facinorum suorum narrationibus, quasi jocosis fabulis, se delicate oblectant. Non multas chartas inficiam referendis prodigiosis abominationibus quibus seatet auricularis confessio. » (Inst., lib. III, cap. IV, § 19).