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en éclairant les Bulgares, finirait par leur rendre une patrie, telle seulement qu’elle peut être, c’est-à-dire ou vassale ou confédérée de l’empire d’Orient. La puissance de la Turquie, loin de diminuer, se relèverait, nous le croyons, par cet énorme accroissement de citoyens et de soldats. Ces peuples, dit-on, tournent leurs regards vers la Russie. — Oui, parce qu’elle leur fait du bien : qu’on les aide plus que ne fait la Russie, et ils cesseront d’implorer les secours du czar. Une politique haineuse à leur égard serait d’autant plus déraisonnable, que l’intérêt de la France est évidemment bien moins opposé que l’intérêt russe au développement réel des diverses nationalités gréco-slaves, ou à leur formation en un faisceau d’états confédérés avec l’Orient, tous solidaires les uns des autres et tenus à s’entredéfendre. Les Orientaux sont les moins oublieux des hommes ; ils se souviennent à jamais du bienfait et de l’injure : aussi tout service que leur rendra la France lui sera-t-il compté au jour qui décidera entre la Russie et l’Occident.


Cyprien Robert.