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Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 31.djvu/474

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tion. Ils conviennent bien qu’une si forte somme n’a pu être appliquée uniquement à des dépenses légales, mais leur agent a refusé de rendre des comptes. »

Pour l’élection de Bridport, M. Warburton déclare solennellement que, « quant à lui, il n’avait pas eu la moindre connaissance que ses amis eussent employé des moyens de corruption, que ces manœuvres avaient été mises en usage tout-à-fait à son insu et sans son autorisation, implicite ou explicite, et que, s’il a donné sa démission, ce n’est pas par crainte pour lui-même, mais uniquement par inquiétude pour ses amis, qui, ainsi qu’il l’a découvert après l’élection, avaient été impliqués dans les menées des amis d’un de ses collègues. »

Ceci nous rappelle cette saillie pittoresque que nous avons entendue dans un autre parlement : « Qu’est-ce qu’un carliste ? où s’en trouve-t-il ? Pourriez-vous me faire le plaisir de me montrer un carliste ? » C’est de la même manière que les puritains anglais s’écrient : « Pourriez-vous me faire le plaisir de me dire ce que c’est que la corruption ? » Le comité d’enquête, interrogeant ce même M. Larpent que nous avons vu plus haut, lui dit :

— De tout ce qui s’est passé, n’arrivez-vous pas à la conclusion qu’on a fait un usage considérable de moyens de corruption ?

R. — Voici la conclusion à laquelle j’arrive. Un certain nombre d’électeurs, par suite d’une coutume ou autrement, autant du moins que je puis le savoir, étaient habitués à recevoir de l’argent. La concurrence, l’excitation qui régnait alors, et la supposition que les deux partis se montreraient de bonne volonté, ont fait que ce genre de libéralité a été porté au-delà de ce qu’il avait jamais été. C’est du moins l’effet que cela m’a fait ; car, quant à l’existence de quelque chose comme un système de corruption, de la part de sir John Hobhouse ou de la mienne, quant au fait d’une distribution d’argent à des personnes à nous connues, c’est ce qui est totalement et directement contraire à la vérité. Je n’ai jamais donné un shelling à qui que ce fut durant mes élections, et je ne me suis mêlé de rien absolument ; mais j’ai lieu de croire, si on me demande quelle impression j’ai gardée de ce qui s’est passé, qu’il y avait des personnes de classe inférieure qui étaient dans l’habitude de recevoir de faibles sommes, et que, par suite de l’excitation qui régnait au moment de l’élection, cette somme, qui n’était d’abord qu’une sorte de douceur (sic) illégale sans doute, mais peut-être pas très répréhensible, s’était élevée au point de prendre les caractères de la cor-