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Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 31.djvu/676

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REVUE DES DEUX MONDES.

Le régent ne pourrait pas remplir utilement sa haute mission et préserver la monarchie de toute atteinte, s’il n’avait pas l’exercice plein et entier de l’autorité royale, et s’il pouvait être frappé de responsabilité.

Qui ne voit en effet que, pendant la minorité, l’équilibre des pouvoirs serait troublé, si le pouvoir de la couronne se trouvait mutilé, sinon de droit, du moins de fait ? si, pendant un nombre plus ou moins considérable d’années, les autres pouvoirs de l’état en devenaient plus redoutables et plus forts ? On citera encore l’Angleterre. Faut-il répéter que la condition politique de la Grande-Bretagne diffère essentiellement de la nôtre ? L’aristocratie anglaise songeait, avant tout, à maintenir et accroître sa puissance relative ; nous, nous voulons, avant tout, conserver le fondement de notre édifice politique, la monarchie avec toutes les prérogatives dont elle est investie. En Angleterre, la question est de savoir si l’aristocratie sera un peu plus ou un peu moins puissante ; chez nous, tout affaiblissement de l’autorité royale compromettrait la monarchie constitutionnelle.

L’irresponsabilité du régent est un principe de toute évidence. Si le régent était responsable, en pratique l’édifice politique manquerait de faîte. Il n’y aurait rien au-dessus des ministres. Le régent ne serait qu’un président du conseil. La couronne, pendant la minorité, ne trouverait rien en elle-même qui pût faire contrepoids au pouvoir irresponsable des deux chambres. La royauté passerait de fait dans l’une ou l’autre assemblée. Ce serait une sorte de révolution, et Dieu seul sait ce que le roi retrouverait autour de lui à l’époque de sa majorité.


V. de Mars.