Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 31.djvu/822

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
818
REVUE DES DEUX MONDES.

partielles que sa retraite engendre, sans lui tenir compte du bien qu’il avait fait et de ce qu’il laisse encore après lui. Avec plus de justice, on reconnaîtrait que ces crises commerciales, dont on se fait une arme contre le crédit, témoignent en sa faveur et sont la meilleure preuve de sa haute utilité.

Au reste, ces crises commerciales, quand elles n’ont réellement pas d’autre cause que l’altération du crédit, quand elles ne sont pas produites par quelque vice de l’ordre social, par quelque grande erreur des lois, ne sont jamais que passagères. Le crédit, un moment altéré, ne tarde pas à se remettre. Il reparaît après ces momens d’éclipse, à moins que le peuple même qui en a joui ne soit assez insensé pour porter une main indiscrète et sacrilége sur les institutions qui l’en ont doté ; il reparaît, et alors se rouvrent tous les canaux de la richesse ; les perturbations passagères dont sa disparition a été la cause sont bientôt oubliées : en moins de rien, on n’en voit plus la trace.

Mais on a honte d’insister sur des vérités si simples. Au fond, toutes les objections que l’on élève contre l’institution des banques ne trouvent une apparence de force que dans cette croyance vulgaire que le crédit repose sur des fictions. On se dit avec raison que les fictions sont toujours un oreiller trompeur, et qu’il y a danger à s’endormir sur elles. On s’en défie comme d’une perfide amorce, et l’on considère les crises commerciales comme de justes retours des illusions dont on s’était flatté. On se dit que des voies fictives ne peuvent conduire qu’à des richesses fictives et mensongères comme elles, et la crise qui survient n’apparaît plus que comme le coup de théâtre qui dissipe une illusion. Voilà ce qui donne de l’autorité et du crédit aux objections frivoles que nous venons de rapporter ; mais dès l’instant qu’il est entendu, et nous l’avons prouvé, qu’il n’y a dans l’usage du crédit ni fiction, ni mensonge, que tout cela se réduit à un emploi mieux ordonné et plus actif des capitaux réels que l’industrie possède, à un emploi mieux ordonné et plus actif du travail et de l’intelligence des hommes, enfin à une production plus large et plus féconde de richesses très réelles et très palpables, toutes ces objections s’évanouissent comme des fantômes sans consistance et sans réalité.

Quant aux maux trop réels que l’établissement des banques a quelquefois engendrés, ils naissaient moins de l’usage que de l’abus, et il est triste de penser que presque toujours les gouvernemens en ont été les principaux auteurs. Pour en montrer le remède, il nous suffira d’exposer les principes qui doivent régir ces sortes d’institutions. Après tout ce que nous avons dit, cette tâche sera facile.

V.

Déjà nous avons pris soin d’écarter les dénominations abusives, source de tant d’erreurs. Avec elles s’évanouissent les vaines théories dont elles sont l’unique fondement.

S’il n’est pas vrai que les billets des banques soient un papier-monnaie ou