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DU CRÉDIT ET DES BANQUES.

chaque cas, et ne s’obligent guère au remboursement qu’avec la réserve d’un avertissement préalable, les banques les reçoivent de toutes mains, grands ou petits, à des conditions générales, uniformément réglées et s’obligent à rembourser à toute réquisition : différences qui sont toutes à leur avantage, et qui s’expliquent tant par l’importance de leurs capitaux propres que par l’étendue même de leurs opérations.

Les avantages qu’offrent les banques de dépôt se conçoivent sans peine ; comme nous les avons déjà exposés, il est inutile d’y revenir.

Il semble, au premier abord, qu’il y ait quelque danger pour une banque à se charger ainsi d’une masse de dépôts qu’elle s’oblige à rembourser à toute réquisition. Il est clair qu’elle doit se réserver, à part-elle, la faculté d’en employer au moins une grande partie, soit pour ses escomptes, soit pour tout autre usage ; autrement, comment se trouverait-elle en mesure d’en payer un intérêt ? Mais si elle les emploie, comment-fera-t-elle s’il arrive par hasard que les déposans, poussés ou par la malveillance ou par quelque terreur panique, se présentent en masse pour le remboursement ? Voilà ce qu’on peut dire. Mais l’expérience a prouvé que ce danger n’existe pas, et, en y réfléchissant bien, on le comprendra sans peine. Il faut toujours supposer que la banque opère sur une grande échelle, et que ses déposans sont très nombreux, car l’opération n’est possible qu’à cette condition. Eh bien ! la malveillance, quelque arme qu’on lui prête, ne peut produire sur un si grand nombre d’hommes un effet subit ; elle ne peut pas non plus les travailler dans l’ombre sans que ses machinations s’éventent. Ainsi la banque sera toujours avertie d’avance et assez à temps pour prendre ses mesures. Quant aux conspirations, qui peuvent s’ourdir entre un petit nombre d’hommes, elles seront toujours impuissantes en raison même de la masse des dépôts, et une banque n’aura guère à les redouter, si elle a soin, comme cela doit être, de se tenir constamment sur ses gardes, en conservant toujours par devers elle une portion assez respectable des dépôts. Les paniques ne sont guère plus à craindre ; elles ne sont jamais ni si générales, ni si subites qu’on le suppose : il y a toujours quelques symptômes qui les précèdent, et une banque bien entendue et bien conduite aura toujours le temps et le pouvoir de les combattre. Il faut songer que l’effroi public, quelle qu’en soit la cause, a toujours pour contrepoids, en pareil cas, l’intérêt particulier qui défend de retirer ses fonds d’un lieu où ils rapportent, pour les laisser improductifs, et d’autant mieux, que, si le retrait devenait général, il serait encore plus difficile de trouver l’emploi de tant de fonds tout à coup inoccupés. Voilà pourquoi les paniques de ce genre s’arrêtent dans leur marche, quand il n’y a pas de cause légitime qui les propage. Voilà pourquoi toutes les paniques du monde n’ont jamais ébranlé que des banques mal assises, en qui il existait réellement un vice originel, un principe de désorganisation, que la crise ne faisait que mettre en évidence, et dont le public s’effrayait avec raison.

Dès l’instant qu’une banque accepte des dépôts à intérêt, elle accroît ses ressources de toute la masse de ces dépôts. Par cela même, elle s’ouvre une