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Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 32.djvu/1004

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LES
AFFAIRES DE CHINE
ET
DE L’AFGHANISTAN.

Les nouvelles de la Chine ont pris l’Europe par surprise ; elles sont tombées sur l’Angleterre comme un coup bienheureux et inattendu de la fortune, qui n’abandonne point les nations persévérantes et qui favorise les audacieux. Il était temps ; l’Angleterre respirait à peine, et étouffait sous le poids de sa fécondité monstrueuse. Déjà elle relève la tête, et le flot gonflé de l’industrie qui bouillonnait dans son étroite enceinte et cherchait de toutes parts un passage, se précipite avec furie par cette issue inespérée.

Ces rumeurs de victoire ont d’abord trouvé beaucoup d’incrédules. N’étaient-ils pas 20 millions contre 300 millions ? une petite île perdue dans un coin de la mer, et comme une goutte d’eau dans l’Océan, contre un immense empire de 2,000 milles de long sur 1,500 de large, et embrassant plus de 20 degrés de latitude ? On s’était donc fait à l’idée de la perpétuité de cette guerre ; on croyait que cette masse inerte se laisserait, pour ainsi dire, manger morceau par morceau, et qu’il faudrait des siècles pour l’achever. C’en est fait ;