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rouges. Tout à coup il en sortit une ravissante musique qui continua à marcher devant le bateau de Louis. Cependant, au bout d’une demi-heure, il s’arrêta et aborda à une petite île.

— Qu’ont donc les musiciens ? demanda de mauvaise humeur M. de Wierstein, qui, grace aux lanternes rouges, distinguait parfaitement les mouvemens du bateau.

Voici ce qu’ils avaient :

En passant devant l’oseraie, ils avaient entendu la voix lamentable de M. de Lieben ; ils l’avaient fait monter à leur bord, et ils reprirent leur marche.

M. de Lieben se fit mettre à terre avant l’arrivée de l’autre bateau. Il ne voulait pas raconter sa mésaventure à Arolise. Ce bateau chargé de musiciens, cet autre dans lequel il voyait un étranger, cet air de fête, ces lanternes de couleur, tout lui annonçait qu’en un pareil moment le récit de son malheur exciterait plus de gaieté que de pitié. Pour M. de Wierstein, il demanda la permission d’aller savoir si cette nuit sur la rivière n’avait pas eu pour la santé d’Arolise un résultat fâcheux. Arolise ne refusa pas.

Il faut maintenant que nous fassions quelques pas en arrière pour prendre connaissance d’une lettre que M. de Wierstein avait quelques jours auparavant adressée à son ami Frédéric Mornaud.

XXV.
LOUIS DE WIERSTEIN À FRÉDÉRIC MORNAUD.

« Il faut que je te dise que Dubois, qui, ainsi que moi, s’appelait Louis, — tu sais que nous avons eu le même parrain, — a cru devoir changer ce nom un peu vulgaire, il est vrai, mais que j’aime à cause de l’excellent homme qui me l’a donné. Louis Dubois s’appelle maintenant Arthur ; son nom de Dubois a également subi une légère modification. Mais, comme ceci était plus grave relativement à la prétention que cette altération affichait, il a mis deux ans à transformer son nom de Dubois en celui de du Bois, en séparant graduellement les deux syllabes, puis sans bruit il a changé la première syllabe de Dubois en un article, en l’écrivant et en le faisant graver sur ses cartes de visite : — Du Bois. — Puis, il lui est mort un oncle, et il a envoyé les lettres de faire part au nom de M. Arthur du Bois.

« Je voudrais que tu visses maintenant la retraite que je me suis