Cette autre ouvre le matin la corolle des fleurs et la referme le soir.
Quelques-unes s’occupent à composer les parfums qu’elles mettent au sein des fleurs, petits encensoirs envoyant toujours de suaves odeurs au ciel.
Quelques autres, enfermées dans le bouton qui va éclore, s’amusent à peindre les pétales des couleurs éclatantes qui leur sont destinées.
Celle-là peint de diverses nuances de rose les glayeuls, les églantines, les pêchers.
Celle-ci colore de blanc le muguet, les pâquerettes, l’anémone des bois.
Une autre donne les nuances du saphir et de l’améthyste au bluet des champs, aux iris, aux violettes, aux wergiss mein nicht.
Une autre est chargée de jaune et donne leurs couleurs aux giroflées des murailles, aux boutons d’or et aux bassinets des prairies.
En voici qui, le soir, doivent allumer les vers luisans, fleurs de feu qui vivent sous l’herbe, et les lampodes qui font brasiller la mer.
Elles se baignent dans la rosée qui brille au calice des fleurs de tous les feux du diamant.
Elles comptent et ajustent les pétales des pâquerettes qui doivent servir d’oracles aux jeunes filles. Celle-ci, douce et bienveillante, a soin que ces petits rayons d’argent, qui entourent le disque d’or de la marguerite, atteignent et ne dépassent pas le nombre de quatorze, de dix-neuf, de vingt-quatre ou de vingt-neuf, afin que la pythonisse des prairies, à la question « m’aime-t-il ? » réponde toujours « passionnément. »
Une autre, taquine ou morose, s’occupe de l’arrangement des pâquerettes qui ont quinze, vingt, trente pétales, et qui doivent répondre « pas du tout. »
Les plus folles disposent les barbes du gramen qui monte dans les manches, ou scellent au calice des scorsonères et des pissenlits les petites graines ailées sur lesquelles on souffle pour savoir si un projet réussira.
Il y en a qui quittent les champs et n’ont d’autre souci que de mettre dans une bibliothèque le passage dont on a besoin et que l’on cherche, au dernier des volumes que l’on feuillette, à la dernière des pages qu’on retourne.
Mais, dans ces belles journées du printemps, ce n’est pas seulement sur les haies et dans les prés que s’ouvrent les fleurs. Comment dire