Du Bois ne tarda pas à avertir Louis qu’il était temps de brusquer un peu le dénouement. Il n’osait presser Arolise de hâter son bonheur sans se faire présenter officiellement à sa famille et à ses amis comme M. de Wierstein, et cela dépassait par trop les limites d’une plaisanterie déjà fort prolongée.
— Il y a, dit du Bois à Arolise, une prière que je veux vous adresser et une confidence que je veux vous faire ; mais il faut que ce soit aux lieux où je vous ai vue pour la première fois.
— Quoi ! dans votre île ?
— Dans mon île.
— C’est une folie, répondit Arolise, qui songeait à l’embarras que lui causerait la rencontre de Louis.
— C’est fort sérieux, reprit du Bois, et voici mon projet : il faut que vous me présentiez enfin à vos parens et à vos amis, et je tiens beaucoup à ce que ce soit là-bas. Invitez-les donc à une fête que vous y commanderez vous-même ; tout doit être fait en votre nom. Là vous me donnerez, devant eux, l’assurance de mon bonheur.
Arolise fit quelques objections, mais elles n’étaient pas difficiles à résoudre.
— Pour quand sera cette fête ? dit-elle.
— Pour après-demain.
— Mais les préparatifs ?
— Je m’en charge.
— Et les invitations ?
— Je vais les écrire ; je les écris.
— Quel homme pressant !
— Et pressé.
— Qui inviterai-je ?
— Qui vous voudrez. Voici déjà trois lettres d’écrites.
— Que me faites-vous dire ?
— Voilà :
« Je compte que vous me ferez le plaisir de passer la journée avec moi après-demain. Nous dînerons, nous danserons, nous souperons, et je vous apprendrai alors, à vous et à quelques amis, une détermination qui décidera de mon bonheur et de mon avenir. »
— Singulière invitation. Et l’adresse ?