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ÉTUDES ADMINISTRATIVES.

fait la police ; et pour les esprits ignorans et prévenus, la police est une sorte d’autorité malfaisante qui flétrit tout ce qu’elle touche. Que Paris prononce : à sa tête est un magistrat qui repousse l’émeute et déjoue les complots, qui garantit le jour et la nuit ses habitans contre les ruses du voleur et les attentats de l’assassin, qui assure sa subsistance, lui procure l’usage libre et commode de ses rues et de son fleuve, veille sur sa santé et maintient l’ordre, la paix, le calme. Que la population de Paris dise s’il en est de plus utile, de plus digne de son affection et de sa reconnaissance. Cette magistrature n’a pas manqué à ses devoirs : dans ces dernières années, les complots moins fréquens, des bandes de voleurs découvertes et frappées par la justice, la garde municipale doublée et appliquée sur une large échelle à la police nocturne, le service du nettoiement, celui des voitures publiques améliorés, l’éclairage des rues perfectionné, la Seine débarrassée d’obstacles repoussans, sont les témoignages d’une sollicitude qui veille toujours et les signes d’un progrès qui ne s’arrête point.

Il est à regretter, nous en convenons, que l’intervention de l’autorité soit trop souvent purement matérielle et puisse encourir le reproche de se montrer indifférente à l’amélioration morale du peuple. Nous voudrions qu’on songeât davantage, à l’aide de publications utiles et pratiques, faciles à répandre, à inculquer aux classes inférieures les principes d’ordre et d’attachement à la chose publique qui les soustrairaient aux funestes suggestions des partis anarchiques ; nous désirons que, par le résultat de nouvelles réformes, les prisons cessent d’être une sorte d’école du crime et l’origine des plus redoutables associations ; nous appelons de tous nos vœux les institutions publiques ou privées qui arracheraient tant de malheureux dont le cœur est encore honnête aux provocations du besoin, aux dangereux conseils de l’oisiveté, et tant de pauvres filles aux infâmes embûches du vice et de la débauche. Les difficultés sont grandes, nous en convenons, les moyens contestés, les résultats incertains ; mais la reconnaissance publique et la gloire n’appartiennent qu’aux longs efforts, qu’aux dévouemens qui savent ne jamais se rebuter, et l’administration ne sera tout-à-fait tutélaire et providentielle que le jour où elle entrera dans cette noble voie.


Vivien.