découverte de ce beau idéal propre aux nations septentrionales que la Strawberry-girl de Reynolds, et le portrait du Jeune Lambton, de Lawrence, nous ont fait en quelque sorte pressentir. C’est dans cette voie nouvelle que l’école anglaise contemporaine, renonçant à ce laisser-aller facile et à l’afféterie qui la perdent, devrait s’engager. Une fois dans le bon chemin, la volonté de réussir et l’esprit de suite, ces qualités caractéristiques de la nation, viendraient à son aide et lui garantiraient d’éclatans succès. Que tant d’hommes de talent, doués, comme praticiens et coloristes, de si séduisantes qualités, au lieu de se lancer dans d’aventureuses combinaisons d’effet, ou de s’attacher à une puérile imitation des écoles italiennes, espagnoles ou flamandes, regardent attentivement autour d’eux et combinent le résultat de leurs observations ou l’étude de la nature avec l’étude de l’antique et des grands modèles : nous leur prédisons une gloire, moins bruyante peut-être, mais plus durable que celle que dispense la mode.
Nous pourrions adresser aux sculpteurs des conseils analogues, nous pourrions leur recommander, avant tout, de se défier de la banalité qui, chez les Anglais, semble envahir cette branche de l’art. La statuaire est soumise à des règles plus positives que la peinture ; les défauts de proportion y sont plus choquans, et l’à peu près n’y est pas toléré. Les statuaires anglais, ne pouvant se permettre les mêmes licences que les peintres, ont donc un caractère d’école moins original et moins tranché, et leurs productions rentrent pour la plupart dans le moule commun aux autres écoles européennes. M. Nollekens, auteur du tombeau d’une jeune femme morte en couches, des bustes de Fox, de Pitt, de Canning et de toutes les célébrités de son temps, suivit d’une manière un peu timide le mouvement que Flaxman, son contemporain, avait imprimé à la statuaire anglaise. M. Nollekens est l’auteur de plusieurs statues dans le style antique ; mais ses Vénus, ses nymphes et ses déesses manquent absolument de ce caractère de naïveté et de grandeur qui distingue les moindres productions du grand artiste à la suite duquel il s’était mis. MM. Chantrey, Gibson, Campbell, Westmacott et Baily ont suivi les mêmes erremens. M. Chantrey, que son fameux groupe d’enfans endormis de la chapelle de Lichtfield, et sa belle statue de lady L. Russel, ces monumens funéraires d’un style si simple et si touchant, placèrent du premier coup à la tête de l’école anglaise, possède toutes les qualités d’un grand statuaire ; mais soit qu’il ait accepté