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DU DROIT DE VISITE.

rembarquer, laissant sur le terrain deux mille morts, et parmi eux le général qui le commandait[1].

Les Américains soutinrent mieux encore la lutte sur mer. Ils n’engagèrent que des combats de frégate à frégate et en prirent quatre[2], tandis qu’ils n’en perdirent que trois[3]. Ils s’emparèrent de plusieurs bâtimens de guerre de moindre grandeur. Leurs marins montrèrent la bravoure la plus brillante, et on put juger la supériorité de leur artillerie par l’énorme disproportion des morts des deux côtés. Leurs corsaires enfin allèrent croiser jusque dans la Manche, et capturèrent un grand nombre de bâtimens anglais.

Pendant ces trois années de guerre, on essaya plusieurs fois, mais en vain, de négocier. L’empereur de Russie, après avoir joint en Europe ses armes à celles de l’Angleterre, regrettant la diversion que la guerre d’Amérique opérait en faveur de Napoléon, offrit sa médiation. Les États-Unis l’acceptèrent ; le cabinet anglais la déclina. Les actes dont se plaignaient les États-Unis, dit-il, et notamment la presse des matelots, avaient leur source dans la constitution ; il ne lui était pas permis de mettre la constitution en compromis. Personne ne peut dire quand et comment aurait fini cette guerre, si aucun évènement en Europe n’était venu y mettre un terme. L’orgueil de part et d’autre était tellement engagé, les intérêts tellement contraires, que nul ne pouvait reculer. Les États-Unis n’avaient presque ni armée ni marine, mais ils auraient construit des vaisseaux, et leurs milices se seraient aguerries. L’Angleterre d’ailleurs était si éloignée du théâtre des opérations, qu’elle perdait, par cet éloignement, une grande partie des avantages attachés à sa supériorité navale et au nombre de ses soldats.

Mais, peu de jours après que les États-Unis avaient déclaré la guerre à l’Angleterre, Napoléon partait pour sa campagne de Russie, et les désastres qui l’y attendaient mirent fin à sa puissance. Les alliés, maîtres de Paris et de la France, y établirent un autre gouvernement qui conclut la paix avec l’Europe. La nouvelle en fut portée aux États-Unis, et fit prévoir la fin des hostilités, sans les arrêter sur-le-champ. Des négociations s’ouvrirent à Gand entre les commissaires américains et ceux de l’Angleterre. On y agita de nouveau toutes les questions relatives aux droits des neutres. Les négociateurs amé-

  1. 28 janvier 1815.
  2. La Guerrière, la Macédonienne, la Java, la Cyane.
  3. La Chesapeake, l’Esse, les États-Unis.