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Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 1.djvu/651

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LA
LITTÉRATURE ILLUSTRÉE.

S’il est une vérité qui commence à n’être plus un paradoxe, c’est que les conquêtes morales de la philosophie, de l’art, de la littérature tendent de plus en plus à devenir les seules possibles en Europe. Désormais les peuples devront surtout leur supériorité historique à des invasions d’idées ; leur influence se pèsera moins au nombre de leurs armées qu’au poids de leur génie. La France a pu gagner ou perdre des batailles, et cependant ce fut dans le siècle dernier, où elle a subi le plus de mécomptes à la loterie de la guerre, que sa prépondérance s’est le plus étendue et le plus affermie dans le monde. Matériellement et politiquement, elle était abaissée, diminuée ; mais par ses livres, ses créations, ses prédications écrites, elle transformait l’Europe en se transformant elle-même. Ses chefs-d’œuvre étaient autant de victoires intellectuelles qu’elle remportait sur les nations voisines.

Si donc notre littérature a fait notre force au dehors, si elle nous a placés haut dans l’admiration des peuples, si elle a préparé partout l’application de nos principes par l’étude de notre langue, si elle a enseigné à tous le respect de notre génie, nous devons, au point de vue politique et dans un amour-propre national bien compris, pieu-