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DU MONOPOLE DE L’INDUSTRIE DES TABACS.

mation individuelle est d’ailleurs assez forte, car elle s’élève environ à 0k,800.

Dans les états sardes de terre ferme, il y a trois manufactures, situées à Turin, Gênes et Nice, produisant environ 1,500,000 kilogrammes, consommés entièrement dans le pays. On n’y importe que des tabacs d’Espagne et de l’île de Sardaigne, et des cigares de la Havane. La consommation individuelle s’élève à 0k,380, et le produit net de la recette est de 7 millions, déduction faite de tous les frais et remises aux marchands.

Dans l’île de Sardaigne, la culture du tabac est permise, et produit environ 170,000 kilog., dont 80,000 sont destinés, année moyenne, à la manufacture de Turin ; le reste est consommé dans l’île, qui ne reçoit presque pas de tabac étranger.

Dans les états romains, la culture donne une récolte d’environ 550,000 kilog., qui ne suffisent pas aux besoins de la régie, car la consommation est de 900,000 kilog., ou par tête de 0k,295, et en outre 200,000 kilog. récoltés dans la province de Bénévent sont, chaque année, livrés à la ferme de Naples, d’après un traité conclu avec le gouvernement. On compte trois manufactures, situées à Rome, Chiavadella et Bologne, qui fabriquent au moins cinquante espèces de tabac de qualités diverses, dont les prix sont très variés, quoique assez élevés. On n’a d’ailleurs aucune donnée sur le revenu que le gouvernement tire de cet impôt, mais on présume qu’il est très considérable, lorsqu’on compare le prix élevé du tabac fabriqué à celui de la matière première.

Dans les états autrichiens, la culture est restreinte, mais il y a une exception en faveur de la Hongrie, où la culture est absolument libre et forme l’une des principales richesses du pays. La culture produit en Autriche environ 20 millions de kilog., dont la qualité est tout-à-fait inférieure, de telle sorte qu’ils doivent être mêlés à des tabacs d’Amérique, du Levant ou de Hongrie, pour entrer dans les tabacs fabriqués, dont les espèces sont très variées, et dont quelques-unes sont assez recherchées. On n’a non plus aucune donnée précise sur le revenu que le gouvernement autrichien tire de cet impôt. Il résulte évidemment de tous les détails que nous venons de donner, malgré l’incertitude qu’ils doivent présenter dans certains cas, et quelque incomplets qu’ils soient d’ailleurs, que le meilleur moyen de prélever un impôt très considérable sur la consommation du tabac consiste à en faire une industrie exploitée soit par une compagnie à laquelle on la donne en ferme, soit par l’état lui-même. L’histoire rapide que nous avons faite des vicissitudes subies par cet impôt en France conduit à la même conclusion, car, malgré tous les efforts qu’on a faits pour concilier un revenu considérable avec un régime plus ou moins libre, ce revenu atteignait à peine 15 millions, et dès l’établissement du monopole par l’état, sans aucune transition pour ainsi dire, il s’est tout à coup plus que doublé. Nous croyons aussi que, dans l’intérêt du trésor, le monopole du tabac exploité par l’état est bien préférable à la cession