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DES INTÉRÊTS FRANÇAIS DANS L’OCÉANIE.

les chrétientés de l’univers ; elle consacre plus de 600,000 fr. à maintenir dans l’Orient l’influence catholique ; inséparablement unie à celle de la France ; ses secours nourrissent dans l’Inde de pauvres évêques dont la considération ne s’affaiblit pas plus que la foi devant l’opulence d’églises rivales ; elle envoie au Maduré, en Chine, en Cochinchine, Siam, en Tartarie, le morceau de pain destiné à prolonger la vie des confesseurs qui attendent à la cangue l’instant de livrer leur dernier combat. Cette association communique avec toutes les parties du globe, et chaque jour lui arrivent, d’au-delà des mers, des vœux, des prières, des souvenirs sanglans et bénis de quelque lointain martyr. Elle est présente à la fois dans les grandes solitudes américaines et sur les ruines des empires de l’Asie ; vous la voyez soutenir en même temps de ses dons l’église renaissante d’Afrique, qui rapporte triomphalement à Hippone les restes d’Augustin, et l’église du Tong-King, aujourd’hui baignée dans le sang de ses catéchistes et de ses prêtres. Quatre congrégations françaises, celles des Missions Étrangères, des Lazaristes, de Picpus et des Maristes, fournissent pour cet immense et redoutable apostolat une masse de sujets sans cesse croissante. L’église devient plus féconde à mesure que s’élargit le champ de ses conquêtes, et l’ouverture de la Chine éveille en son sein de profondes sympathies, d’ardentes et mystérieuses espérances. Je voudrais connaître une autre pensée en mesure d’unir à ce point les intelligences et les ames, et de couvrir ainsi le monde des rameaux d’une végétation soudaine ; je voudrais qu’on m’indiquât en ce temps-ci une association quelconque dont le nom pût être cité après celui de l’association populaire pour la propagation de la foi !

Je respecte profondément le caractère et les vertus qu’ont développés de nos jours les communions religieuses séparées de l’unité romaine ; j’accepte de grand cœur leur concours pour atteindre le but du développement intellectuel et social de l’humanité tout entière ; mais ce n’est pas injurier les membres des églises protestantes que d’adresser à la réforme le double défi de faire jamais ou des sœurs de la charité ou des missionnaires apostoliques dans la véritable acception du mot ; ce n’est pas la calomnier que de lui dénier la plénitude de cet esprit de sacrifice contre lequel elle a été une solennelle réaction, et de constater que, par la suppression du célibat religieux, elle a substitué la prudence humaine à ce que le catholicisme appela toujours et appelle encore la folie de la croix.

Le protestantisme anglo-américain a essayé sans doute des mis-