profitent à l’avenir. On ne recommence pas deux fois un traité du 20 décembre, et l’expérience reste lorsqu’on l’a payée aussi cher.
N’ayant à suivre au dehors aucune grande négociation, le ministère des affaires étrangères va, dit-on, profiter de cet instant de calme pour remanier le personnel du corps diplomatique. Ce travail lui sera d’autant plus facile, qu’il a depuis long-temps sous sa main, en congé à Paris, un très grand nombre de ses principaux agens. Indépendamment des ambassadeurs que des difficultés politiques éloignent de leur poste, l’usage paraît s’introduire de donner des suppléans aux ministres, en constituant ainsi une classe nouvelle d’agens in partibus. M. de Pontois promène en Italie son titre d’ambassadeur près la Porte Ottomane, dont M. de Bourqueney remplit les fonctions. M. de Bacourt se voit suppléer à Washington par un ministre-coadjuteur ; on dit enfin que l’un de nos agens les plus actifs et plus expérimentés, M. de Lagrénée, ministre en Grèce, va bientôt se trouver dans une position analogue. Dès-lors il n’est pas sans quelque péril pour un membre du corps diplomatique de quitter son poste un seul instant, et M. de Bois-le-Comte en aurait fait, assure-t-on, l’expérience. On ajoute que cette surabondance de personnel aurait fait naître l’idée de créer des missions nouvelles, et qu’un ambassadeur à demi-solde pourrait bien être envoyé un de ces jours à Pékin dans le but de lui trouver de l’emploi. Ce sont là sans doute des bruits qui ne peuvent avoir rien de sérieux. M. le ministre des affaires étrangères a l’esprit trop élevé pour exposer gratuitement la France à l’affront possible d’un refus d’admission, et il persistera sans doute dans sa pensée première d’éclairer d’abord cette grande et si nouvelle question par les observations d’hommes spéciaux et les rapports de ses agens consulaires. Qu’on soit souvent débordé par les exigences personnelles, c’est là un malheur plus qu’une faute ; mais jeter le pays dans des prodigalités inutiles en exposant aux caprices d’un gouvernement fort insolent, tant qu’il n’a pas expérimenté la force, un représentant solennel du roi et de la France, ce serait un tort dont le cabinet ne saurait se rendre coupable, et que les chambres ne sanctionneraient point : elles ont gardé bon souvenir des dépenses de l’ambassade de Perse, mission stérile même pour celui qui l’a remplie. Nous croyons donc qu’il n’y a rien de fondé dans les bruits de ce genre répandus dans les salons depuis quelques jours.
La littérature s’écarte de plus en plus des voies sérieuses ; on chercherait en vain une œuvre digne d’attention parmi les publications qui se succèdent chaque jour. À qui la faute, aux écrivains, au public, ou aux éditeurs ? Sans doute les succès faciles du roman-feuilleton, l’insouciance des écrivains, l’indifférence du public, sont pour quelque chose dans cette situation ; mais parmi les causes du mal ne faut-il compter pour rien l’ignorance ou l’aveuglement de la librairie ? Loin de lutter avec énergie et intelligence contre les tendances fâcheuses de la littérature, elle a tout fait, elle fait tout