Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 2.djvu/507

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
501
REVUE. — CHRONIQUE.

dans divers recueils. Le Globe et le National de Carrel pour la polémique quotidienne et activez le Journal des Savans pour les dissertations érudites, et aussi et surtout (nous tenons à honneur de le dire), la Revue des Deux Mondes pour les travaux étendus d’art et de critique, ont été à M. Magnin des sources abondantes, les sources des deux remarquables volumes qu’il donne aujourd’hui sous le simple titre de Causeries et Méditations historiques et littéraires[1]. Ce n’est assurément ni la variété, ni l’intérêt qui manqueront à ce recueil : le premier volume, exclusivement consacré aux lettres et à l’art français, remet en scène, souvent d’une façon inattendue et sous ces premiers et curieux aspects qui s’effacent ensuite, les noms les plus chers entre les gloires contemporaines. Ainsi, le poète aimé des Consolations a là sa place à côté de l’historien de la Conquête des Normands, en un mot, tout le mouvement littéraire qui s’est accompli depuis les Méditations de Lamartine est reproduit là avec une vivacité aimable et piquante. Le second volume, exclusivement consacré aux littératures étrangères, offre une série de notices très différentes d’étendue et de sujet, et qui seront d’un sûr attrait, aux amis de l’art par des vues ingénieuses et par une esthétique compréhensive, aux érudits par l’exacte sagacité des recherches, à tous par une forme châtiée et délicate. M. Charles Magnin est, comme le disait M. Daunou (et de qui l’eût-on mieux dit que de lui-même ?) une excellente plume. C’est un de ces rares esprits auxquels l’érudition n’a pas fermé l’art, comme il arrive trop souvent. Nous reviendrons quelque jour à loisir sur l’ensemble des travaux de M. Magnin, et ce nous sera une occasion de continuer cette série d’études sur les écrivains critiques dans laquelle le talent sérieux et goûté de l’auteur des Causeries et Méditations historiques et littéraires doit naturellement occuper une des premières places.


— Sous le titre d’Essais de politique industrielle[2], M. Michel Chevalier vient de publier des souvenirs de voyage en France, en Belgique et en Allemagne. Ce livre est plein d’intérêt ; il est varié et instructif. M. Michel Chevalier donne aux créations du monde industriel un caractère particulier de beauté et de grandeur. Il y fait pénétrer partout le sentiment moral qui élève l’ame des peuples. Il décrit les progrès de la civilisation matérielle comme les peintres habiles peignent la nature, et comme les philosophes décrivent les progrès de la raison humaine. M. Michel Chevalier est un esprit à la fois vif et persévérant. Voilà plus de dix ans qu’il a levé, un des premiers en France, le drapeau de la civilisation industrielle ; tous les jours, depuis ce temps, il l’a défendu comme écrivain, comme professeur, et son activité ne s’est jamais ralentie.

Dans cette tournée scientifique et industrielle que M. Michel Chevalier nous

  1. Deux vol. in-8o, chez Benjamin Duprat, 7, rue du Cloître Saint-Benoît.
  2. Un vol. in-8o, librairie de Ch. Gosselin.