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Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 2.djvu/529

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LE TERRITOIRE DE L’OREGON.

de 1763, qui confirmait cette limite, l’Angleterre avait abandonné implicitement le droit d’occuper tout le pays à l’ouest de ses colonies du littoral de l’Atlantique, en reconnaissant formellement les titres de la France sur toutes les contrées à l’ouest du Mississipi depuis sa source, ou plutôt depuis la ligne de démarcation fixée au 49e degré de latitude nord, jusqu’à sa jonction avec la rivière Iberville. C’était admettre que la France avait seule la faculté de s’étendre à l’ouest du Mississipi jusqu’aux Montagnes Rocheuses, et au-delà de cette chaîne, sauf à concilier ce droit avec les prétentions de l’Espagne, maîtresse du littoral de la mer Pacifique. Or, ce titre incontestable de la France, qui, joint à celui de l’Espagne, exclut absolument la Grande-Bretagne de toute réclamation sur le territoire de l’Oregon compris entre le 49e degré de latitude nord, la mer Pacifique, le 42e de latitude, et les Montagnes Rocheuses, est en possession des États-Unis depuis le traité de 1803, par lequel la France a cédé aux États-Unis toutes ses possessions dans l’Amérique du Nord.

Les États-Unis réunissent donc tous les titres qui résultent de la découverte, du premier établissement, et du droit de s’étendre sur les pays contigus non occupés. Voilà sur quelles bases les Américains fondent leurs prétentions à la propriété exclusive du territoire de l’Oregon, et tout esprit impartial ne pourra s’empêcher d’en reconnaître la justice. La conduite même de l’Angleterre, son long silence, la marche tortueuse et obscure de ses empiètemens, la restitution d’Astoria, le vague et l’incertitude de ses réclamations, en sont une confirmation éclatante. En effet, on dirait que le gouvernement anglais n’a pas su déguiser, dans la manière dont il a soutenu son occupation du territoire de l’Oregon, combien il sentait la faiblesse de ses titres. Dès que les rapports de Mackensie et les progrès de la compagnie du nord-ouest lui eurent révélé l’importance du littoral de la mer Pacifique, il forma le projet de s’en rendre maître ; mais il adopta la route qu’il suit toujours quand il n’a pas confiance dans la justice de sa cause : toutes ses démarches furent dissimulées, et il s’en fia plus à son adresse et à la voie détournée des négociations qu’à la bonté de son droit pour renverser les obstacles qui s’opposaient à ses empiètemens.

Le premier était la limite du 49e degré de latitude nord posée entre les possessions anglaises et les possessions françaises, et qui, d’après les traités, s’étendait au-delà des Montagnes Rocheuses indéfiniment à l’ouest, c’est-à-dire jusqu’à la mer Pacifique. Prenant