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Comme un mauvais soldat, le camp qui le réclame,
Pour venir s’assurer des beaux yeux d’une femme.

Ce sont là purement et simplement des fautes de grammaire et de langue. Voici d’autres passages où à l’incorrection se joint la trivialité :

........Vous avez la gloire
D’affamer l’ennemi mieux qu’aucune victoire ;
Car vos repas guerriers sont conçus de façon
À couper vaillamment le vivre et la boisson.
Le courage à ce compte a dérangé son centre,
Et le cœur aujourd’hui se loge dans le ventre.
...Le sénat, ce vieillard impuissant,
Est purgé des humeurs qui lui chauffaient le sang.
Si bien que nos cerveaux, chauffés à l’unisson,
Moitié par les discours, moitié par la boisson.

Encore la boisson ! c’est un terme de cabaret.

D’un objet plus pressant mon ame est toute pleine,
Et ton zèle y sera bien mieux utilisé
Qu’à poursuivre le fil d’un complot supposé.

M. Ponsard crée aussi quelquefois de nouvelles acceptions :

.....Eh ! laissez là mon nom,
N’en prenez pas souci quand j’en fais abandon.
Vous en aviez jadis l’ame moins occupée,
Et vous ne l’invoquez que comme une échappée.

Une échappée ! apparemment pour dire un moyen évasif ! Serait-ce une expression provinciale ?

La rime amène aussi des locutions bien impropres :

Ces abus de pouvoir sont les plus odieux ;
Car, d’un même danger instruisant tous les yeux,
Révoltant de chacun les entrailles intimes,
Ils forcent tous les rangs à plaindre leurs victimes.
..........Vos esclaves
Filent pour votre époux des robes laticlaves.

Jamais le laticlave des sénateurs romains n’a été employé comme adjectif.

Faut-il donc que vos yeux s’usent toujours baissés
À suivre dans vos doigts le fil que vous tressez ?